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Trois baptêmes et une imposition des mains plus tard

(Luc 3:16-18 ; Actes 1:5 à 2:4 ; Actes 19:1-6)

(écouter, culte entier, imprimer la feuille)

Dimanche de Pentecôte, 5 juin 2022
Culte au temple de Cologny
prédication du pasteur Marc Pernot

Apollos est un spécialiste de la Bible, c’est par ce biais qu’il est lui-même arrivé à Jésus-Christ et c’est ce qu’il essaye de transmettre (Actes 18:23-24). Paul, lui, est arrivé au Christ par une expérience mystique, c’est ce qu’il essaye de partager, tout en étant aussi philosophe et théologien.

Paul arrive à Éphèse où des personnes sont devenues chrétiennes grâce à une belle démarche intellectuelle avec Apollos, Paul organise aussitôt une séance de rattrapage et douze hommes vont recevoir l’Esprit Saint. Nous savons qu’à Corinthe, c’est l’inverse : Paul avait fondé une petite église vibrante d’expériences spirituelles et c’est Apollos avec son enseignement biblique qui est venu ensuite. Paul voit cela comme complémentaire, il explique : «J’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui fait croître ! » (1 Corinthiens 3:6).

À Éphèse, c’est plutôt Apollos qui a planté, c’est Paul qui a arrosé, et c’est encore Dieu qui fait croître, comme nous le voyons dans l’itinéraire de ces hommes, itinéraire qui va être jalonné de pas moins de trois baptêmes et d’une imposition des mains !

Qu’est-ce que ces gestes plantent ou arrosent dans l’humain ?

Par définition, l’Évangile nous est apporté par la prédication (puisque « Évangile » signifie « bonne nouvelle »). C’est vrai que l’écoute est un sens extrêmement puissant, il est possible que quelque chose puisse ensemencer notre être en passant par les oreilles. Seulement nos oreilles et notre cerveau sont parfois sourds à un certain nombre de choses pourtant essentielles. Il existe des messages qui passeront mieux passer par un geste que par la voix, ou par le geste et la parole ensemble. C’est le cas pour un petit enfant ou une personne souffrante, c’est vrai aussi, je pense, pour chacun de nous. C’est à cela que servent les gestes comme le baptême, la communion, ou la bénédiction donnée au cours du culte ou en privé.

Les multiples gestes que reçoivent les 12 hommes sont encore une prédication de l’Évangile, seulement elle est donnée et reçue par le corps en complément de la parole. Chacun de ces gestes-paroles essaye de « planter et arroser » une étape dans notre cheminement.

Le 1er geste est le baptême de Jean

Que nous dit ce geste ? Le baptême de Jean est un appel à ce que l’on nomme en grec une « métanoia » de notre part, littéralement : un changement dans notre façon de voir la vie, le monde, nous-même. Ce n’est un secret pour personne que nous gagnerions à progresser un peu ou beaucoup. Seulement nous savons aussi à quel point ce serait miraculeux d’arriver à nous améliorer un tant soit peu. C’est même déjà difficile d’être vraiment lucide sur là où nous en sommes car il y a une part de souffrance, de honte et de culpabilité qui ne nous facilite pas la tâche.

L’annonce essentielle de Jean est le pardon des péchés. La question n’est pas d’être baptisé afin d’avoir ce pardon, c’est l’inverse : quand une personne sait que Dieu est pardon, elle cesse d’avoir peur de lui, elle peut prendre courage et se tourner vers Dieu pour voir plus clair et lui demander son aide pour avancer.

Loin d’être menaçante, la prédication de Jean que nous avons en Luc 3 est, comme le dit Jean, une bonne nouvelle pour tous, pas une menace. Elle est même « La Bonne Nouvelle » : celle d’un bon soin de Dieu, qui gardera le meilleur de nous-même (le bon grain), qui nous débarrassera de ce qui nous tire vers le bas (la paille), et qui nous donnera la vie par son Esprit. Par ses paroles et son baptême, Jean nous propose de nous plonger tout entier, corps et esprit, dans cette espérance de bénéficier des bons soins de Dieu.

Nous voyons que ce baptême de Jean est en lui-même une prédication, c’est une bonne nouvelle qui se veut motivante pour nous.

Jésus, lui, n’utilisera pas lui-même ce geste de plonger dans l’eau (Jean 4:2). Jésus avait ses gestes à lui pour accompagner ses paroles : sa façon d’aller vers toute personne afin de l’aider comme il pouvait. Il va vers les personnes de mauvaise vie comme celles d’une moralité exemplaire, il va vers les païens et les trop religieux... guérissant les corps les âmes et la foi, les vies blessées et tourmentées.

Cela nous amène au 2ème baptême dont parle Paul :

Le 2ème geste est le baptême en Jésus

Qu’entendre par là puisque Jésus ne pratiquait pas ce geste de plonger une personne dans l’eau ?

Le baptême de Jean signifiait notre désir de progresser avec l’aide de Dieu. Après s’être décidé de se mettre en route, il est grand temps de choisir vers quoi on espère aller. A la suite de Jean-Baptiste, l’apôtre Paul nous propose de croire en Jésus : d’espérer être animé de ce qu’il dit et de ce qu’il est. Les hommes écoutent et ils vont « être plongés dans le nom du Seigneur Jésus », nous dit littéralement le texte. Il n’est pas dit que les disciples sont plongés dans l’eau, c’est possible mais ce serait de la part de Paul un geste rare puisqu’il dit qu’il a baptisé très peu de personnes au cours de son ministère (1Cor 1:14-17). Toujours est-il que Paul nous invite ici, littéralement, à être « plongé dans le nom du Seigneur Jésus », c’est cela qui importe spirituellement, c’est cela que vise la prédication de Paul, en paroles et en gestes : à planter et arroser notre immersion dans ce que Jésus incarne comme foi, comme façon d’être, d’aimer et d’espérer. C’est une visée qui se vit dans la prière et dans la méditation des Évangiles.

À cette 2ème étape dans leur cheminement, Paul en ajoute une 3 ème :

Le 3ème geste est une imposition des mains

C’est un geste très ancien dans la Bible. La main est l’organe qui permet à l’artisan de créer son œuvre. La tête évoque en hébreu l’origine, le commencement. Le geste d’imposition des mains est donné avec la main sur la tête de la personne avec une parole de bénédiction et d’envoi en mission. Ce geste dit à la personne que Dieu espère lui apporter un supplément de création et qu’il espère travailler en équipe avec elle.

Le premier baptême était une espérance de progresser grâce à Dieu. Le second était une foi en Christ comme visée de notre progression. Le troisième annonce dit comment nous avancerons : c’est par un geste supplémentaire de Dieu pour nous créer et nous aider à faire du un peu de bien autour de nous.

Bien sûr, nous savons tout cela intellectuellement, et nous avons l’impression de le vivre bien peu. Il arrive que le geste très concret de la main sentie sur sa tête aide une personne à recevoir bien plus réellement la parole de bénédiction qui est dite en même temps. Là encore, il n’y a rien de magique dans ce geste, c’est encore de la prédication espérant planter et arroser, ensuite : c’est Dieu qui faire croître et c’est depuis toujours qu’il a espéré pouvoir le faire.

Le 4ème geste est enfin celui de Dieu, baptisant d’Esprit

S’il y a un baptême chrétien, ce devrait être celui là, puisque, comme nous l’avons entendu dans la bouche de Jean : Jésus ne baptisait pas d’eau, il baptisait d’Esprit Saint et de feu. C’est ce que dit le récit de Pentecôte et c’est ce que dit l’épisode de Paul avec ces 12 hommes.

Paul parlait d’être « plongé dans le nom du Christ », à l’étape suivante il est question d’être « plongé dans l’Esprit Saint », c’est à dire d’être plongé dans la puissance de création de Dieu, puisque c’est de cela qu’il s’agit quand on parle d’Esprit et de feu.

Ce n’est pas forcément spectaculaire. Ce n’est pas nécessairement une expérience mystique bouleversante. C’est un pas en avant, quel qu’il soit, un simple pas dont Dieu nous a rendu capable dans cette progression que nous espérons en Christ. C’est un pas et c’est aussi bien plus qu’un pas car l’Esprit est une puissance qui n’opère pas seulement sur nous, c’est aussi une capacité qui nous est donnée en nous, nous rendant nous-même capable de créer à notre tour.

De ce souffle, de cet Esprit de Dieu, toute personne humaine en a reçu une part dès son premier souffle (Genèse 2:7). Aussi est-ce un supplément d’Esprit que nous espérons de Dieu. Et c’est sur cette jeune pousse déjà plantée par Dieu en nous que veillons et que nous arrosons comme ces 12 hommes avec Apollos et Paul.

De quel baptême baptisons-nous dans notre église ?

C’est, bien entendu, le seul baptême qui soit chrétien : le baptême d’Esprit et de feu ! Telle est en tout cas notre intention, mais comment serait-ce possible puisque nul ne maîtrise ce don de l’Esprit que Dieu seul ? C’est que notre geste dit ce que Dieu a déjà accompli : ce geste affirme que la personne, aussi petite soit-elle, a déjà reçu quelque chose du souffle de Dieu, de son Esprit, et que Dieu a l’espérance qu’elle en recevra encore bien plus. Ce geste dit que la personne, même ne connaissant rien de Dieu comme un bébé, même imparfaite dans sa foi et ses actes comme nous le sommes, cette personne est sacrée et bénie par Dieu. Qu’il lui gardera sa bénédiction envers et contre tout ce qui pourrait arriver. Ce geste récapitule ainsi les trois baptêmes, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Ce baptême est donné sous forme d’une parole accompagnée d’une imposition des mains sur la tête avec trois goutes d’eau en signe de bénédiction.

Ce geste n’est qu’une façon de planter et d’arroser. L’essentiel est que l’Esprit de Dieu souffle sur nous et en nous. C’est le cas. Reste à en vivre. C’est la meilleure partie du cheminement, la plus joyeuse, sans pression aucune, avec quelque chose de cet enthousiasme communicatif qu’avait Jésus. Et Dieu qui nous accompagne.

Amen

Pour débattre sur cette proposition : c'est sur le blog.

Vous pouvez réagir en envoyant un mail au pasteur Marc Pernot

Texte Biblique

Luc 3:16-18

Jean-Baptiste dit à tous : « Moi, c’est d’eau que je vous baptise, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et de feu, 17il a sa pelle à vanner à la main pour nettoyer son aire et pour recueillir le blé dans son grenier ; mais la paille, il la brûle au feu qui ne s’éteint pas. » 18C’est ainsi, et avec bien d’autres exhortations encore, qu’il annonçait la Bonne Nouvelle au peuple.

Actes 1:5 à 2:4

Jésus leur dit : 5 Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, serez baptisés dans l’Esprit-Saint. Eux donc, réunis, demandèrent : Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? 7 Il leur répondit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8 Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre... 2:1 Le jour de la Pentecôte arriva et ils étaient tous ensemble dans le même lieu. 2 Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. 4 Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer.

Actes 19:1-6

Pendant le séjour d’Apollos à Corinthe, Paul arriva à Éphèse en passant par le haut pays. Il y trouva quelques disciples 2 et leur demanda : Avez-vous reçu l’Esprit Saint, quand vous êtes devenus croyants ? Mais, lui répondirent-ils, nous n’avons même pas entendu parler d’Esprit Saint ! 3Paul demanda : En quoi donc avez-vous été baptisés ? Ils répondirent : Dans le baptême de Jean. 4Paul reprit : Jean a baptisé d’un baptême de conversion et il disait au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus. 5Ils l’écoutèrent et ils se firent baptiser dans le nom du Seigneur Jésus. 6Paul leur donna l’imposition des mains. L’Esprit Saint vint sur eux, ils parlaient en langues et prophétisaient. 7 Ils étaient en tout environ douze hommes.