( Psaume 51 )
(écouter l'enregistrement) (voir la vidéo ci-dessous)
Culte du 17 août 2008
prédication du pasteur Marc Pernot
Après avoir vu ensemble des psaumes de louange les deux dimanches derniers, je vous propose pour ce dimanche de prendre un psaume de repentance, le 51, le plus célèbre des psaumes de repentance, connu pour la profondeur de ce qui est exprimé, mais aussi par les airs de musique qu’il a inspiré et que nous connaissons sous le titre latin de ce Psaume : « Miserere mei, Deus ».
Les circonstances de l’écriture de cette prière sont bien connues, c’est quand David, ayant enfin pris conscience de sa faute, crie sa douleur d'être pécheur et appelle l'aide de Dieu, ces circonstances sont rappelées dans le premier verset, en souvenir, dans la reconnaissance de ce que David nous a donné.
Psaume de David, lorsque Nathan, le prophète, vint à lui, après que David fut allé vers Bethsabée :
" Fais-moi grâce, ô Dieu, selon ta fidélité,
selon ta grande miséricorde... "
La première chose que nous apprend ce psaume, c'est qu'il n'y a rien à craindre de Dieu, mais tout à espérer. David avait fait des choses horribles, il en prend soudain conscience et dans la prière se précipite vers Dieu comme dans un enfant se jette dans les bras de sa maman pour lui demander son aide.
Ce psaume nous offre ainsi un point essentiel de théologie sur l'attitude de Dieu face à l'homme. En une phrase, David nous donne dans ce psaume trois explications de l'incroyable bienveillance de Dieu, bienveillance même pour un criminel comme lui.
Fais-moi grâce, ô Dieu...
David présente ainsi Dieu comme un roi qui a le pouvoir de libérer n’importe quel criminel quand il en a envie, comme le président de la République encore aujourd’hui chez nous. Cette grâce est par principe imméritée, imprévisible. Mais David sait que Dieu aime à faire grâce, il espère donc sur cette grâce.
C’est bien de la part de David de compter ainsi sur la grâce de Dieu, car son époque avait encore une grande crainte de Dieu, on pensait que s’il pouvait faire grâce, il pouvait aussi abandonner et punir le coupable. Aujourd’hui, avec ce que Jésus-Christ nous a apporté, nous savons que sans avoir aucun droit à la grâce de Dieu, nous pouvons néanmoins compter dessus comme sur le rocher le plus solide.
David donne ensuite une 2e raison à sa confiance :
Fais-moi grâce, ô Dieu, selon ta fidélité...
David n'argumente pas en mettant en valeur tout ce qu'il a fait de bien, ce qu'il pourrait faire car il n'a pas commis que des crimes. David fait plutôt appel à la fidélité de Dieu. C'est très juste et c'est bien rassurant pour nous, car comment serions-nous sûr que les bonnes choses que nous avons faites suffiraient à rattraper le mal que nous avons fait ? Mais David n'est pas dans cette logique-là. Il compte sur le pardon de Dieu car il sait que Dieu est fidèle, lui. C'est la 2e raison qui lui permet d'oser se tourner vers Dieu en toute confiance alors qu'il se sait coupable. Dieu a promis de bénir, il bénira. Dieu a promis d'aimer le moindre d'entre nous, il aimera.
Finalement, ce n’est pas si extraordinaire que cela. Nous connaissons des personnes sur qui on peut vraiment compter, alors pourquoi ne pourrait-on pas compter sur Dieu ? Nous connaissons des personnes capable de faire grâce, comment peut-on penser que Dieu n’aurait pas une telle grandeur d’âme ?
David donne une 3e raison qui lui permet d'oser se présenter devant Dieu sans crainte :
Fais-moi grâce, ô Dieu, selon ta fidélité,
selon ta grande miséricorde.
Et David insiste sur cette 3e raison d'avoir confiance en Dieu en toute circonstance en qualifiant de « grande » la miséricorde de Dieu. Ce que l'on traduit par miséricorde dans nos Bibles est tout simplement la tendresse maternelle. Cela existe bel et bien, et ce lien est parmi les plus forts qui existent. Pourquoi Dieu qui a, pour le moins, rendu possible un tel sentiment ne pourrait offrir lui-même une tendresse encore plus parfaite ?
Voilà la 3e, la « grande » raison de notre confiance en Dieu, c'est qu'il est comme une maman qui aime tendrement ce petit que nous sommes. Nous n'avons rien à craindre de lui, nous avons même encore et toujours la vie à recevoir de Dieu.
Dans les premiers mots de ce psaume, on a l'impression de voir David avancer dans une proximité de plus en plus grande avec Dieu. Il se présente d'abord de loin et humblement comme devant un bon roi, puis il s'avance comme devant un honnête homme qui a donné sa parole, et enfin David se jette dans les bras d'un Dieu qui est comme sa maman pleine de tendresse.
David avance ainsi dans sa confiance en Dieu, mais tout est une question de perspective, et si l'on peut décrire cette prière comme l'attitude de David s'approchant de Dieu, on pourrait dire que tout le mouvement d'approche vient plutôt de Dieu que de David. C'est Dieu qui prend l'initiative en envoyant Nathan pour ouvrir les yeux de David sur sa propre vie. Puis quand David se présente devant Dieu en tremblant comme un criminel devant son roi, on pourrait dire que c'est Dieu qui descend de son trône pour se avancer vers David d'abord comme un roi, puis comme un partenaire fidèle, puis avec cette grande tendresse qui rappelle celle d'une maman pour son petit. Dieu descend, si l’on peut dire, car il n’a jamais cessé d’être proche, c’est simplement une question de perspective, vu depuis le cœur de David, que l’on peut dire que Dieu descend vers David écrasé par ses crimes et la culpabilité. Cette « descente » ressentie par David se retrouve manifestée en Christ. C’est toute notre théologie qui en est affectée, notre conception de Dieu elle-même évolue, d’un Dieu-roi-terrible, à un Dieu-ami-fidèle, puis à notre Dieu-tendre-maman. Mais cette maman n’a pas pour autant à être une maman martyre, méprisée par son enfant en crise d’adolescence, Dieu ce n’est pas parce que Dieu se fait proche qu’il cesse d’être le roi des rois, et c’est peu dire pour l’être qui est à l’origine de tout ce qui est de vivant et de bon.
L'initiative vient de Dieu, David prie pour demander grâce à Dieu mais ce n’est pas David qui change Dieu pour l’amener à la miséricorde. David s’ouvre par la prière à une évolution espérée par Dieu, par ce Dieu qui n'a pas cessé d'être plein de grâce, de fidélité et de tendresse pour David. Le première chose que Dieu donne à David pour le guérir de sa douloureuse maladie est de le faire évoluer dans sa foi et dans sa théologie.
David se sait imparfait et criminel. Il pourrait donc se sentir culpabilisé, il pourrait avoir le sentiment qu'il n'est rien et que le mieux qu'il puisse faire est de fuir toute idée de Dieu, ou bien de s'aplatir comme une carpette devant lui pour obtenir ses faveurs. Au contraire, au lieu d'être culpabilisé et écrasé, David reçoit de Dieu un nouveau souffle qui lui permet d'être un encore meilleur lui-même. Il se présente comme un coupable et voilà qu'il est accueilli comme un égal, puis comme un enfant bien-aimé.
La religion a été parfois source de culpabilité et d'écrasement, mais cela n'est pas fidèle au message biblique dans son ensemble et c'est opposition totale avec le message du Christ. Le premier bénéfice que nous pouvons retirer de ce psaume 51 est de bien intégrer cette révolutionnaire conception de Dieu proposée par la Bible. Celle d'un Dieu dont nous n'avons rien à craindre mais tellement à recevoir. C'est cela qui peut rendre possible de reconnaître ses propres fautes, d’ouvrir les yeux dessus devant Dieu, grâce à Dieu, non pas pour nous en culpabiliser, mais au contraire pour faire face, les dépasser, grandir enfin, cicatriser, et puis réparer, aider dans la mesure de nos moyens.
Ce Psaume nous aide à entrer dans la repentance. Les circonstances concrètes de cette prière de David sont rassemblées dans la courte introduction, la suite est rédigée à la première personne en des termes suffisamment généraux pour que tout lecteur sincère puisse s'y reconnaître. On ne parle ni de meurtre ni d'adultère mais simplement de fautes, de manquements et de péché. Nous avons évidemment chacun les nôtres. N’est-ce pas ? L'expérience montre que ce psaume a fait ses preuves depuis des centaines de générations comme faisant partie des plus efficaces pour aider une personne à recevoir de Dieu le pardon et bien plus encore.
Quand David prend conscience de ses fautes, il en ressent une peine immense, et il se présente devant son Dieu pour lui demander son aide :
Fais-moi grâce, ô Dieu, selon ta fidélité,
selon ta grande miséricorde :
Efface mes transgressions,
lave-moi complètement de ma faute,
et purifie-moi de mon péché.
Effectivement nos fautes salissent le monde qui nous entoure, avec des conséquences difficile à réparer. Nos fautes nous salissent aussi, le pire est souvent l'idée que nous avons de nous-mêmes. Dieu, lui, peut vraiment nous aider dans tout cela.
David demande ensuite à Dieu de le purifier de son péché. Cela va plus loin car cette action ne concerne pas seulement des taches de saleté extérieures, mais la purification de notre être tout entier. D'ailleurs le péché désigne un problème plus fondamental que la faute. Le péché est le fait d'être orienté de travers, au lieu d'être tourné vers le bien et vers la vie comme Dieu lui-même.
David demande à Dieu de le purifier avec l'hysope, il se compare ainsi à quelqu'un qui est atteint d'une maladie mortelle et contagieuse comme la lèpre, et il sait que Dieu peut l’aider à aller mieux.
Peut-on aller plus loin encore dans notre demande à Dieu que de guérir les conséquences et l'origine de nos fautes ? Oui. David nous montre que l'on peut attendre encore plus de Dieu. Dieu n'est pas qu'un pompier et un médecin, il est le créateur. David le sait :
Ô Dieu, crée en moi un cœur pur,
Renouvelle en moi un Esprit affermi.
David constate qu'il demeure une part de chaos dans son être, quelque chose de douloureux et de mouvant. Il se reconnaît comme étant à moitié créé seulement. C'est ce qu'il constate quand il dit :
Voici, dans la faute, j’ai été pétri,
Et ma mère m'a conçu pécheur.
Ce n'est pas la faute de la mère de David s'il est comme cela, ni la faute de personne. Nous sommes ainsi faits que nous naissons et demeurons toujours plus ou moins inachevés. C'est une source de peines, certainement, mais cela ouvre des perspectives d'une incroyable richesse. Il n'en est pas de même pour les autres êtres, vous pouvez regarder de près n'importe quel coquelicot dans un champ, vous remarquerez qu'il est un parfait spécimen de coquelicot. Pour l'être humain, c'est plus complexe, nous restons loin d'être pleinement accomplis. Nous sommes tiraillés par la multiplicité des pistes possibles, et il nous reste d’immenses possibilités de développement.
Notre mère a accouché de notre corps et nous nous sommes développés ensuite, un peu grâce à nous-mêmes mais aussi grâce à tout ce que nous avons reçu de ceux qui nous entourent.
À ce moment critique, David ouvre les yeux sur ses manquements, d’abord, puis sur son manque de développement. Sa repentance est une ouverture à une aide indispensable, pour recevoir le pardon d’abord, comme une réponse à ses manquements, puis il découvre la « grande miséricorde » de Dieu, il a reconnu que Dieu est comme une mère qui peut nous accoucher d'une dimension supérieure que nul ne pourrait créer par ses propres forces.
Ce Psaume nous est donné pour nous offrir cette grâce de reconnaître notre manque, comme David quand il entend cette parole de Nathan : « cet homme c’est toi ! ». Cet homme du Misere, n’est-ce pas nous ? Et n’est-ce pas à nous également que Dieu dit : « je t’aime d’un amour éternel » ? (Jér 31:3)
Ô Dieu, tu es, de génération en génération,
source de grâce, de fidélité et de grande tendresse.
Purifie-nous de ces désordres qui nous accablent.
Crée en nous un cœur de chair,
Donne-nous ton Esprit plein de tendresse et de force.
Donne-nous la joie de nous sentir ton enfant chéri.
Éternel, ouvre nos lèvres et nous dirons ta louange.
Amen
Vous pouvez réagir en envoyant un mail au pasteur Marc Pernot.
1 Au chef des chantres.
Psaume de David. Lorsque Nathan, le prophète, vint à lui, après que David fut allé vers Bath-Schéba.
O Dieu! aie pitié de moi dans ta bonté;
Selon ta grande miséricorde,
efface mes transgressions;
2 Lave-moi complètement
de mon iniquité,
Et purifie-moi de mon péché.
3 Car je reconnais mes transgressions,
Et mon péché
est constamment devant moi.
4 J’ai péché contre toi seul,
Et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux,
En sorte que tu seras juste
dans ta sentence,
Sans reproche dans ton jugement.
5 Voici, je suis né dans l’iniquité,
Et ma mère m’a conçu pécheur.
6 Mais tu veux que la vérité
soit au fond du coeur:
Fais donc pénétrer la sagesse
au-dedans de moi!
7 Purifie-moi avec l’hysope,
et je serai pur;
Lave-moi,
et je serai plus blanc que la neige.
8 Annonce-moi l’allégresse
et la joie,
Et les os que tu as brisés
se réjouiront.
9 Détourne ton regard
de mes péchés,
Efface toutes mes iniquités.
10 O Dieu! crée en moi un coeur pur,
Renouvelle en moi
un esprit bien disposé.
11 Ne me rejette pas
loin de ta face,
Ne me retire pas
ton Esprit saint.
12 Rends-moi la joie
de ton salut,
Et qu’un esprit de bonne volonté
me soutienne!
13 J’enseignerai tes voies
à ceux qui les transgressent,
Et les pécheurs reviendront à toi.
14 O Dieu, Dieu de mon salut!
délivre-moi du sang versé,
Et ma langue célébrera ta miséricorde.
15 Seigneur! ouvre mes lèvres,
Et ma bouche publiera ta louange.
16 Si tu avais voulu des sacrifices,
je t’en aurais offert;
Mais tu ne prends point plaisir
aux holocaustes.
17 Les sacrifices
qui sont agréables à Dieu,
c’est un esprit brisé:
O Dieu! tu ne dédaignes pas
un coeur brisé et contrit.
18 Répands par ta grâce
tes bienfaits
sur Sion,
Bâtis les murs de Jérusalem!
19 Alors tu agréeras des sacrifices
de justice,
Des holocaustes
et des victimes tout entières;
Alors on offrira des taureaux
sur ton autel.