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Philosophie et mystique

(Psaume 131)

(écouter l'enregistrement - voir la vidéo ci-dessous)

Culte du dimanche 7 août 2016
prédication du pasteur Marc Pernot

Texte de la prédication (vidéo ci-dessous)

Après la réflexion que je vous ai proposée la semaine dernière sur la violence, mais aussi, en pensant à la foi et la personnalité de Sacha qui a demandé le baptême ce matin, je voudrais vous lire, en ce joli dimanche de printemps, un psaume tout doux, calme et serein. Le plus court parmi ces psaumes de pure confiance en Dieu que les croyants aiment tant, depuis des millénaires (comme les Psaumes 23, 121, 131).

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Méditation sincère

Psaume des montées. De David.

Dans ces quelques mots d’introduction nous avons déjà deux points essentiels qui forment le moteur de la démarche proposée par ce Psaume.

La méditation est une source d’élévation. Nous avons ici un chant de confiance, d’autres psaumes sont une lamentation, une repentance, une colère même, c’est souvent une louange joyeuse. Cette sincérité placée devant Dieu est en elle-même une incroyable source d’élévation. C’est le premier point.

Et le « De David » n’est pas simplement une anecdote rendant hommage à l’auteur, ces deux mots, littéralement, signifient « du bien aimé » puisque c’est le sens du nom de « David ». Le fait de se sentir le bien-aimé de Dieu rend possible cette méditation sincère. Cela motive cet élan et l’autorise. Il n’y a plus de crainte de ne pas savoir bien prier, ni même de dire nos « quatre vérités » à Dieu. Cela crée une amitié avec Dieu qui donne au psalmiste l’envie d’appeler Dieu de son petit nom, YHWH, l’Éternel, ce nom que les croyants de la Bible lui donnent dans leur prière quand ils sentent ou espèrent cette tendresse de celui qui nous aime.

Éternel !
Loin de moi d’avoir un cœur arrogant
Loin de moi d’avoir des yeux hautains
Loin de moi de cheminer dans des choses
Trop grandes et trop merveilleuses pour moi.

Humilité ?

Traditionnellement, l’église a vu dans ces lignes un appel à l’humilité. Cela me semble un peu court. Pour ouvrir cette recherche d’élévation tournée vers Dieu, le psalmiste se met simplement en garde lui-même de ne pas se prendre pour Dieu. C’est sage. Tant de théologiens, tant d’églises, tant de croyants... et pas mal de philosophes aussi ont une légère tendance à confondre leur position avec la Vérité ultime. Cela les rend dangereux pour leur entourage et cela stérilise leur propre relation à Dieu.

Ne pas se prendre pour Dieu, ce n’est pas de l’humilité, c’est simplement normal. C’est comme de ne pas se prendre pour Napoléon, c’est juste ne pas être fou. Pour le reste, cette introduction est ambitieuse, elle appelle à pousser jusqu’à nos propres limites, à les explorer. C’est l’inverse d’une humilité, c’est le sentiment d’être digne de décider, de voir et d’avancer.

Et puisqu’il s’agit ici de s’élever vers Dieu sans se prendre pour Dieu, nous avons déjà ici l’esquisse d’une théologie : Dieu est de l’ordre d’un cœur, d’un regard et d’un cheminement. Et cette genèse qu’il cherche à nous apporter consiste à élever notre propre cœur, notre regard et notre cheminement. Ce qui est visé est une qualité d’être. C’est la capacité à choisir qu’évoque le cœur, c’est une capacité à voir clair et à avoir une visée qu’évoquent les yeux, une capacité à évoluer et faire avancer les choses qu’évoque le cheminement. Voila quel Dieu nous avons à découvrir. Voilà trois capacités, trois qualités d’être que nous pouvons travailler, développer et élever par la méditation et l’ouverture à ce Dieu. Voilà trois cavaliers que nous pouvons chevaucher mais en même temps apprendre à tenir en bride. Notre cœur, notre regard et notre exploration.

Mais en même temps, cette recherche commence par « Éternel... », il s’agit donc d’une prière, pas simplement d’une réflexion sur Dieu et sur la vie humaine.

Ce Psaume nous invite à la fois à réfléchir et à prier. C’est ce qui distingue l’idée de Dieu chez Aristote ou Platon, par exemple du Dieu donc il est question ici. Dans tous les cas, l’intelligence est utilisée pour parler d’une idée du Bien, il y a une recherche d’élévation dans notre capacité à bien choisir, à avoir une visée, et à cheminer. Dans tous les cas, ce Bien ultime qu’est Dieu est reconnu comme étant au dessus de nous et de notre monde sensible. Mais ici, à travers ce simple mot « Éternel... » c’est autre chose que la simple réflexion qui est en jeu. C’est une relation. Une expérimentation de Dieu et de sa façon d’être.

La théologie : une science expérimentale

La théologie Biblique est ainsi à rapprocher d’une science expérimentale. C’est particulièrement le cas de la théologie des Psaumes ou celle du Christ. Fondamentalement, cette démarche théologique et philosophique est basée sur une expérience personnelle de Dieu, qui permet de perfectionner la pensée, et de la prolonger, d’aller au delà. L’intelligence a encore toute sa place pour essayer de penser cette expérience et d’en débattre. Mais cette démarche a ses limites, comme le dit ce Psaume. On ne trouvera jamais l’équation de Dieu. La réalité dépasse la théorie et seule l’expérience de Dieu permet d’y accéder.

Des philosophes et théologiens comme Henri Bergson ou Paul Tillich, par exemple, comptent sur la mystique pour aborder la question de l’existence et de la nature de Dieu de façon expérimentale. Depuis l’aube des temps et dans toutes les générations, nous savons qu’il existe, ou qu’il peut exister des points de contact avec un au-delà des limites de notre monde.

Ce Psaume nous propose une réflexion sur la nature de Dieu, mais il ne termine pas là-dessus mais sur une ouverture, sur une invitation à expérimenter Dieu, une invitation qui s’adresse à tout le peuple :

3 Israël, attends-toi à l'Éternel,
Dès maintenant et pour toujours !

Une théologie et une philosophie de la vie qui soient à la fois élaborées par l’intelligence, conscientes de ses limites et fondée sur l’expérience mystique.

Cela change tout.

Une théorie sur Dieu et sur la sagesse sont utiles. Mais de cette seule connaissance ne peut sortir « la foi qui transporte les montagnes » dont parle Jésus.

Il est bon de savoir que Dieu, ou que le Bien ultime est pour nous est une capacité à bien décider, une visée et un cheminement, comme le suggère la partie théologique de ce court Psaume. Il la replace dans le contexte d’une expérience de Dieu, celle de s’être senti « bien aimé », celle de la possibilité même d’interpeler Dieu. Il prend ensuite bien soin de dire que cette connaissance, aussi juste et utile soit-elle, a ses limites, celle de notre intelligence qui est par définition limitée à ce que nous pouvons concevoir. Le Psaume témoigne ensuite de quelque chose d’un autre ordre et qui seul lui procure ce calme et cette élévation, c’est de se sentir avec Dieu « comme un enfant sevré sur sa mère ».

Bergson avance que dans l’expérience des mystiques des religions les plus diverses du monde, on retrouve souvent quelque chose comme un amour profond pour parler de leur expérience de Dieu. L’expérience, et pas seulement la connaissance « que Dieu est amour et objet d’amour. De ce double amour le mystique n’aura jamais fini de parler. Sa description en est interminable parce que la chose à décrire est inexprimable ».

Le mystique se fait théologien

Et néanmoins, le mystique se fait théologien dans sa motivation à exprimer ce qui l’a touché. Il est bien obligé d’utiliser les mots de notre monde sensible, en deçà de la limite de notre monde, alors même qu’il a été en contact avec Dieu qui est au-delà. La parole du mystique devient une sorte d’enseignement à son tour. Mais il a une flamme que n’a pas le théoricien pur. Pourtant, celui-ci pourra aussi parler d’amour et de la valeur qu’il y a à vivre en aimant et en étant aimé. Mais ce simple enseignement, certainement utile et véridique, ne fait pas une « foi à transporter les montagnes », ou alors c’est que le professeur de morale ou l’élève qui en reçoit la leçon ont eux-mêmes, peut-être de manière diffuse, vécu quelque chose de ce contact avec la source ultime de l’évolution qu’est Dieu.

C’est pourquoi ce Psaume présente bien la chose. Il donne un enseignement théorique sur Dieu et la vie humaine, il témoigne comme il le peut de ce que lui a apporté une expérience mystique passée, et il invite ensuite le lecteur à tendre lui-même son espérance de vivre quelque chose de ce contact, de s’y préparer.

Le problème de la mystique c’est que malgré les images utilisées pour en parler, cette expérience ne se partage pas vraiment. Par contre, la théologie s’adresse à l’intelligence, comme tout enseignement, cette connaissance est donc accessible à quiconque veut s’en donner la peine, quitte à ce que ce soit avec un certain degré de schématisation, à plus ou moins grands traits. La personne peut alors y adhérer plus ou moins, elle peut en tout cas comprendre ce dont il est question.

Cela donne une base. A condition d’en savoir les limites, que ce n’est pas Dieu que l’on tient quand l’on a quelques unes de ces connaissances proposées sur Dieu. La théologie est utile comme peut l’être une revue de vulgarisation, comme Science et vie junior peut instruire et motiver un enfant à devenir ensuite chercheur dans un laboratoire. La Bible est un livre où des mystiques essayent de faire comme cela, un travail de vulgarisation de la façon la plus honnête et motivante possible pour leurs lecteurs. Mais en conclusion, chaque page de la Bible nous dit, comme ici « attends vers l'Éternel dès maintenant et pour toujours ». Cette pédagogie biblique nous y prépare non pas en nous étourdissant et en nous faisant ainsi entrer dans une transe, mais au contraire en nous menant à la limite élevée de notre intelligence, et de se tenir là, et d’avoir comme une perception ou une intuition de quelque chose de bien plus grand qui soulève tout cela, qui le structure et l’anime.

La théologie est ainsi une science expérimentale, un aller et retour entre la philosophie et la mystique. Même si l’expérience mystique n’est pas reproductible à volonté. Mais celui qui étudierait les aurores boréales connaît un peu les mêmes difficultés, il peut choisir un lieu et une époque plutôt favorable mais ensuite il doit attendre qu’elles se produisent, et elles seront toujours un peu différentes.

Le mystique est parfois considéré comme fou

Bien des personnes ont connu une expérience vive de Dieu, ce n’est pas si rare, nous connaissons tous des personnes qui ont vécu quelque chose comme cela, je pense. Même une personne qui a ce don-là, cette sensibilité, ne peut reproduire cette expérience à volonté. C’est souvent une expérience unique dans cette intensité, qui a tout changé pour cette personne et qui l’a marquée a jamais, lui permettant de reconnaître ensuite dans sa vie quotidienne les traces d’un contact avec Dieu.

Pour une large proportion de la population mondiale, l’expérience mystique est vécue d’une façon plus diffuse, ou par moments discernables a posteriori, comme Jacob « Dieu était là et je ne le savait pas » (Gen 28:16), ou comme les pèlerins d’Emmaüs « notre cœur ne brulait-il pas en nous... » (Luc 24:32). Parfois c’est simplement en lisant un Psaume, par exemple, témoignant d’une expérience de Dieu, qu’une personne qui ne se croit absolument pas mystique le moins du monde va sentir comme une résonnance profonde, c’est bien qu’en lui cette expérience existe. C’est comme ces tests qui révèlent l’on a déjà eu la rubéole, alors qu’on ne s’en était pas aperçu.

Alors bien sûr, il y a quantité de fous complètement allumés qui vivent des transes ou des visions. Mais comme le fait remarquer Bergson, il existe des fous qui se prennent pour Napoléon mais cela n’empêche que Napoléon existe et qu’il avait bien raison de se prendre pour Napoléon. Il existe des folies mystiques, mais toute mystique n’est pas de la folie. C’est juste une expérience d’exception au sens où elle nous fait toucher l’au-delà de nos limites. C’est un de ces états d’exception que nous pouvons connaître, comme peut l’être le sentiment amoureux, comme peut l’être un moment de grâce en écoutant de la musique ou en regardant un tableau pour qui serait sensible à l’art. Cela aussi peut donner envie d’en témoigner, imparfaitement, mais sans pouvoir non plus ni le reproduire et encore moins pouvoir obliger quelqu’un à le vivre lui-même.

Un bébé sevré

Le Psalmiste essaye de rendre compte de son émotion à la rencontre de Dieu. C’est utile pour affiner et pour valider tout autant ce que nous avons cru expérimenter mais aussi ce que nous avions pensé auparavant comme étant juste. Le psalmiste reconnaît dans son expérience quelque chose de ce dont ont témoigné les théologiens avant lui mais en même temps c’est infiniment plus personnel, plus impliquant, cela touche à l’existence même de son être et de sa valeur possible d’être aimé, comme un lien unique et vital. Pour en parler, comme cela vient d’au-delà de la limite de notre monde sensible, il faudrait forger des mots qui n’existent pas dans notre vocabulaire, inventer des concepts. Ce que trouve à dire le psalmiste c’est une paix, le sentiment d’une élévation et cette comparaison touchante et très fine :

Je suis calme et élevé en mon être,
comme un bébé sevré sur sa mère,
Mon être est sur moi comme un bébé sevré

Calme. Élévation. État du bébé couché sur sa mère. Est-ce là de la théologie ? De la philosophie ? Oui. Ou plutôt, cela peut fonder une théologie et une sagesse, et un désir de vivre pour honorer cela. Et une joie, une motivation, un souffle pour vivre ardemment le programme théorique du début, celui du cœur, du regard et de la démarche.

Mais en même temps, ce que trouve à dire le psalmiste pour rendre compte de son expérience de Dieu c’est celui d’être comme un bébé sevré. La mère est là, tout va bien sauf qu’il vient d’être privé du sein et du lait. Une étape nouvelle, inconnue, qui provoque une émotion sans doute très forte et ambiguë de la mère et du bébé. Il y a quelque chose de la prière du Christ disant sur la croix à Dieu « pourquoi m’as-tu abandonné ? » mais aussi « Père, je remets mon esprit entre tes mains ». Quelque chose de cet attachement si fort, si puissant qui nous relie à Dieu, la source, mais aussi de cette autonomie qu’il nous donne. Quand l’enfant est sevré sa bouche est libérée pour apprendre à parler, ses mains pour faire des choses, il va pouvoir alors avancer dans le monde. Prendre des décisions avec son propre cœur, avoir son point de vue, sa visée, avoir son cheminement. Maintenant ce n’est plus, ou plus seulement sur sa mère qu’il repose, mais sur lui-même nous dit le psaume. Le lien avec sa Dieu-sa mère existe, aussi profond, mais il est différent, intégrant des dimensions inconnues de liberté et de fidélité.

Avez-vous pensé qu’aujourd’hui-même vous pouvez vivre quelque chose de cette expérience de Dieu ?

3 Israël, attends vers l'Éternel,
Dès maintenant et pour toujours !

Amen

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+ prière lue comme prière d'intercession dans le culte (prière universelle) :

 

Prière du dimanche matin (12 juillet 1942)
Etty Hillesum

Ce sont des temps d'effroi, mon Dieu. Cette nuit pour la première fois je suis resté éveillée dans le noir, les yeux brûlants, des images de souffrance humaine défilant sans arrêt devant moi. Je vais te promettre une chose mon, Dieu, oh, une broutille: je me garderai de suspendre au jour présent, comme autant de poids, les angoisses que m'inspire l'avenir; mais cela demande un certain entraînement. Pour l'instant, à chaque jour suffit sa peine.

Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparaît de plus en plus claire: ce n'est pas toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons t'aider - et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C'est tout ce qu'il nous est possible de sauver en cette époque et c'est aussi la seule chose qui compte: un peu de toi en nous, mon Dieu. Peut-être pourrons-nous aussi contribuer à te mettre au jour dans les cœurs martyrisés des autres. Oui, mon Dieu, tu sembles assez peu capable de modifier une situation finalement indissociable de cette vie. Je ne t'en demande pas compte, c'est à toi au contraire de nous appeler à rendre des comptes, un jour.

Il m'apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que tu ne peux pas nous aider, mais que c'est à nous de t'aider et de défendre jusqu'au bout la demeure qui t'abrite en nous. Il y a des gens - le croirait-on ? - qui au dernier moment tâche de mettre en lieu sûr des aspirateurs, des fourchettes et des cuillers en argent, au lieu de te protéger toi, mon Dieu. Et il y a des gens qui cherchent à protéger leur propre corps, qui pourtant n'est plus que le réceptacle de mille angoisses et de mille haines. Ils disent : Moi je ne tomberai pas sous leurs griffes! Ils oublient qu'on est jamais sous les griffes de personne tant qu'on est dans tes bras.

Cette conversation avec toi, mon Dieu, commence à me redonner un peu de calme. J'en aurai beaucoup d'autres avec toi dans un avenir proche, t'empêchant ainsi de me fuir. Tu connaîtras sûrement des moments de disette en moi, mon Dieu, où ma confiance ne te nourrira plus aussi richement, mais crois-moi, je continuerai à œuvrer pour toi, te te resterai fidèle et ne te chasserai pas de mon enclos.

Je ne manque pas de force pour affronter la grande souffrance, la souffrance héroïque, mon Dieu, je crains plutôt les mille petits soucis quotidiens qui vous assaillent parfois comme une vermine mordante. Enfin, je me gratte désespérément et je me dis chaque jour : encore une journée sans problèmes, les murs protecteurs d'une maison accueillante glissent autour de tes épaules comme un vêtement familier, longtemps porté; ton couvert est mis pour aujourd'hui et les draps blancs et les couvertures douillettes de ton lit t'attendent pour une nuit de plus, tu n'as donc aucune excuse à gaspiller le moindre atome d'énergie à ces petits soucis matériels.

Utilise à bon escient chaque minute de ce jour, fais-en une journée fructueuse, une forte pierre dans les fondations où s'appuieront les jours de misère et d'angoisse qui nous attendent. Derrière la maison, la pluie et la tempête des derniers jours ont ravagé le jasmin, ses fleurs blanches flottent éparpillées dans les flaques noires sur le toit plat du garage. Mais quelque part en moi ce jasmin continue à fleurir, aussi exubérant, aussi tendre que par le passé. Et il répand ses effluves autour de ta demeure, mon Dieu.

Tu vois comme je prends soin de toi. Je ne t'offre pas seulement mes larmes et mes tristes pressentiments, en ce dimanche de matin venteux et grisâtre je t'apporte même un jasmin odorant. Et je t'offrirai toutes les fleurs rencontrées sur mon chemin, et elles sont légion, crois-moi. Je veux te rendre ton séjour le plus agréable possible. Et pour prendre un exemple au hasard : enfermée dans une étroite cellule et voyant un nuage passer au-delà de mes barreaux, je t'apporterais ce nuage, mon Dieu, si du moins j'en avais la force. Je ne puis rien garantir d'avance mais les intentions sont les meilleures du monde, tu vois.

Maintenant je vais me consacrer à cette journée. Je vais me répandre parmi les hommes aujourd'hui et les rumeurs mauvaises, les menaces m'assailliront comme autant de soldats ennemis une forteresse imprenable.

Etty Hillesum,. Une vie bouleversée

 

Lecture de la Bible

Psaume 131

1 Psaume des montées, de David.

Éternel !
Loin de moi d’avoir un cœur arrogant
Loin de moi d’avoir des yeux hautains
Loin de moi de cheminer dans des choses
Trop grandes et trop merveilleuses
pour moi.

2 Au contraire, calme et élevé*
en mon être,
je suis comme un bébé sevré
sur sa mère,
Mon être est sur moi
comme un bébé sevré.

3 Israël, attends vers l'Éternel,
Dès maintenant et pour toujours !

* Certains manuscrits hébreux et la version des LXX ont ici ce verbe « élevé » alors que d’autres manuscrits hébreux portent « tranquille ». La différence ne joue que sur une lettre, qui est soit un R soit un D, très faciles à confondre en hébreu.

 

Vidéo de la partie centrale du culte (prédication à 05:45)

(début de la prédication à 05:45)

film réalisé bénévolement par Soo-Hyun Pernot