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Nous sommes Marie, les bergers, l’ange, Jésus,
et bien d’autres encore...

(Évangile selon Luc 2:6-20 ; Ésaïe 1:2-4)

(écouter, imprimer)

Genève - Veillée de Noël 2018
prédication du pasteur Marc Pernot

Comme toujours, dans les récits de la Bible, chaque personnage parle d’une facette de notre existence.

Avec Marie

Nous pouvons lire cette page de l’Évangile en suivant Marie : en étant Marie, en nous identifiant à elle. Elle est dans cet Évangile selon Luc le type même du croyant. La grâce qui lui est faite parle de la grâce de Dieu sur nous. Il nous connaît par notre nom, il nous visite parce qu’il nous trouve bien, parce qu’il veut compter sur nous pour faire avancer la vie sur terre. Il s’adresse à nous, il envoie son Esprit, son souffle.

Cette histoire nous dit qu’une vie nouvelle peut surgir de notre rencontre avec Dieu, de notre confiance qui répond timidement à son espérance. Alors, oui, une dimension qui est de l’ordre du Christ peut germer en nous, peut naître et s’exprimer en nous comme en Marie.

Ce texte nous invite à nous laisser féconder par Dieu : par sa grâce nous disant que nous sommes digne du meilleur, par sa Parole active qui fait grandir un meilleur nous-même, par son souffle qui nous donne l’envie et le don de faire de bonnes choses en ce monde.

« Le temps où Marie devait accoucher arriva », cette histoire nous invite à être source de vie mais à ne pas garder cette vie jalousement comme notre chose. Un bébé, une fois fabriqué doit être expulsé du ventre afin qu’il puisse grandir et devenir lui-même. Nous sommes créateurs par ce souffle divin que Dieu nous a donné. Nous pouvons faire de belles choses : nous avons pu aider des personnes, soutenir des projets, les accompagner. L’accouchement de Marie nous invite à faire en sorte que ces personnes que nous avons aidées ne se sentent pas captives de nous, ni en dette de ce que nous avons pu faire. Cela aussi nous vient de Dieu qui toujours agit par grâce, donnant sans jamais nous obliger.

Avec les bergers

Nous pouvons lire ensuite cette page de l’Évangile en suivant les bergers, en nous identifiant à ces bergers. Ils sont dans ce texte un autre type du croyant, et comme cela nous en fait un second après Marie : cela nous autorise à avoir notre propre type de sensibilité de foi et de pratique religieuse.

Dans la culture du milieu culturel de Jésus, les bergers étaient réputés être de mauvais pratiquants car quand on vit dans la nature il est impossible d’aller au culte chaque semaine et de suivre à la lettre tout ce que les lois religieuses demandaient : se laver les mains comme ceci, prier comme cela, ne pas travailler ni voyager le jour du shabbat... ce n’est pas facile quand on s’occupe d’un troupeau de mil moutons et chèvres. Mais la force du berger c’est la prière, c’est la louange à Dieu pour la beauté de la création. Le don du berger c’est de faire attention aux plus faibles des créatures dont il a la charge : de les chercher, de les soigner, de les porter s’il le faut.

C’est ainsi que les bergers sont les premiers à reconnaître que ce bébé quelconque est le sauveur du monde. Ce texte nous dit que les bergers comprennent cela plus même vite que Marie et Joseph.

Cette histoire de bergers nous dit la force extraordinaire de la contemplation. Cela nous aide à faire attention à ce qui est beau autour de nous dans nos vies, dans notre monde et dans les êtres autour de nous. Y penser profondément et s’en réjouir devant Dieu. S’ouvrir ainsi à son souffle, à sa lumière dans notre conscience, et percevoir dans ce monde que certain appelleraient « ordinaire » ce qui est bon, y reconnaître ce qui est source de vie venant de plus grand que nous, venant de Dieu.

Cette spiritualité des bergers nous dit aussi une théologie : celle d’un Dieu tout simple qui veille sur nous comme un berger veille sur sa brebis.

Avec les anges

Nous pouvons ensuite nous identifier aux anges de cette histoire. En effet, le mot « ange » n’existe en réalité pas dans la Bible : il n’y a que le mot « messager » ou « facteur » (tout simplement). Il s’agit donc d’une fonction. Et comme la personne humaine n’est pas seulement un animal mais un animal social, nous sommes faits pour avoir des échanges entre nous. Comme en plus nous sommes un animal non seulement social mais spirituel, nous sommes, je le pense, tous plus ou moins sensibles au fait que la vie matérielle n’est pas tout. Nous savons que la valeur de l’humain est dans les qualités de son corps, dans la qualité de ses relations mais aussi dans quelque chose qui fait qu’une personne que nous aimons est unique pour nous. Nous sommes alors sensibles à la dimension spirituelle de l’être. Et souvent nous sommes même sensible à la source de tout cela : que nous appelons en français « Dieu ». C’est pourquoi : je pense que toute personne à des qualités d’ange.

Par une parole : l’ange Gabriel a fait découvrir à Marie qu’elle était capable de donner vie au Christ. Par une Parole : un ange éveille des bergers dans la nuit, cet ange est si motivé que d’autres anges se joignent à lui pour chanter la louange de Dieu. Tant et si bien que les bergers en sont touchés, se mettent à réfléchir, et sont eux aussi mis en vie par cette louange.

Beau métier que notre métier d’anges. C’est un peu comme celui d’un chanteur, d’un poète ou d’un artisan qui travaillent en exprimant leur talent personnel, chaque fois d’une façon différente, sur mesure. Mais peut-être que « ange » n’est pas un métier. Un ange ce serait plutôt être un amateur au sens d’être simplement amoureux du beau geste. Du geste qui rend la vie plus belle.

Avec Jésus

Quel autre personnage dans cette histoire ? À la fois presque rien et presque tout : nous pouvons nous identifier à Jésus. Oserons-nous ? Oui, puisque lui-même nous invite à le suivre à notre façon. Il nous dit que nous sommes son frère ou sa sœur quand il nous dit que Dieu est son père et notre père. Nous pouvons donc nous considérer comme ce Jésus qui est né. Un tout petit Jésus, certes, et à peine encore Christ, mais déjà Jésus. Nous sommes enveloppés de tendresse, comme lui l’est par Marie et Joseph. En effet, si nous sommes vivants, et encore plus, si nous sommes ici : c’est que nous avons reçu la vie, que nous avons reçu des soins, de la tendresse. Tout n’a pas été parfait dans notre histoire mais cela a été, et nous pouvons en avoir de la gratitude. En tout cas, une tendresse est et restera toujours à 100% fidèle : c’est celle de Dieu, nous dit cette histoire. Cette tendresse ne nous empêchera pas d’avoir des ennuis dans la vie (j’espère un peu moins d’ennuis quand même que Jésus), seulement : cette tendresse, cette bénédiction, cette relation, ce travail en équipe entre Jésus et celui qu’il appelle son père qui est aux cieux : tout cela est si fort et si vrai que la vie humaine est alors un vrai miracle et devient Vraiment source de miracles.

Nous pouvons donc nous reconnaître dans ce bébé Jésus. Enveloppé de grâce de Dieu et de tendresse humaine qui lui a enfilé un pyjama, qui le nourrit de lait et de sourires et de Paroles qui lui disent son nom, et l’appellent à une vocation unique.

Comme le bébé Jésus est en droit d’attendre cela de Marie, nous pouvons attendre de Dieu sa tendresse et ses soins : sa bienveillance inoxydable quand nous sommes bons et quand nous sommes mauvais. Nous pouvons compter sur le lait de sa Parole pour nous aider à grandir en force en sagesse et en grâce, nous pouvons compter sur ses lumières pour nous faire découvrir la vie qui fait vivre...

Alors que pensez-vous ? Le bébé Jésus refusera-t-il les soins et le lait de Marie, ou l’aide de son père Joseph pour apprendre son métier de charpentier ou de son Père Dieu pour apprendre celui de sauveur du monde ?

Aux animaux de la ferme

À qui d’autres pouvons nous nous identifier ? Des « personnages » qui sont certainement là mais qui sont comme absents de ce texte : ce sont les animaux de la ferme puisque la scène se place dans une étable et que le bébé Jésus est placé dans la mangeoire de ces animaux. Où sont alors animaux ? Ont-ils fui ? Quand au XIIIe siècle Saint-François d’Assise a inventé la crèche il a mis en place les animaux de la ferme près de Jésus. François d’Assise était un fin connaisseur de la Bible, et s’il a mis un bœuf et un âne c’est en référence aux dramatiques premiers mots du livre du prophète Ésaïe : « Cieux, écoutez ! Terre, prête l’oreille ! L’Éternel parle : J’ai nourri, j’ai élevé mes enfants, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son possesseur et l’âne connaît la mangeoire de son maître... mais eux : ils ont abandonné l’Éternel, ils ont méprisé le Saint d’Israël. Ils se sont retirés, me tournant le dos ! » (Ésaïe 1:1-4).

François nous montre en exemple la fidélité de ces animaux de la ferme, ou au moins leur intérêt bien compris de se souvenir où est la mangeoire. Et effectivement, si dans ce texte le Christ est déposé dans une mangeoire, dans une ville appelée Bethléhem (ce qui veut dire « boulangerie » en hébreu) c’est pour nous inviter à nous nourrir de ce pain de vie qu’est le Christ. Nous avons là le mode d’emploi du salut offert en Jésus : non pas devenir ses imitateurs, mais nous nourrir de ses paroles, de sa théologie, de sa foi, de sa façon d’être. Prendre et manger son Évangile, le ruminer même, le digérer. Comme l’âne et le bœuf ne deviennent pas de l’herbe en mangeant le foin dans la mangeoire, mais y trouvent force et grand plaisir à y puiser la vie.

Amen.

 

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Lecture de la Bible

Évangile selon Luc 1:39- 56

Le temps où elle devait accoucher arriva, 7et Marie mit au monde son fils premier-né. Elle l'emmaillota et l'installa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle.

8 Il y avait, dans cette même région, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. 9 L'ange du Seigneur survint devant eux, et la gloire du Seigneur se mit à briller tout autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande crainte. 10Mais l'ange leur dit : N'ayez pas peur, car je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qui sera pour tout le peuple : 11aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. 12Et ceci sera pour vous un signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. 13Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, qui louait Dieu et disait : « 14Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir ! »

15 Lorsque les anges se furent éloignés d'eux vers le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : Allons donc jusqu'à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. 16Ils s'y rendirent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17Après l'avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. 18Tous ceux qui les entendirent s'étonnèrent de ce que disaient les bergers. 19Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait. 20Quant aux bergers, ils s'en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.

Ésaïe 1:2-4

Cieux, écoutez ! Terre, prête l'oreille ! — L’Éternel parle. J'ai éduqué et élevé des enfants, mais ils se sont révoltés contre moi. 3 Le bœuf connaît son propriétaire, l'âne connaît la mangeoire où ses maîtres le nourrissent ; Israël, lui, ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien. 4 Quel malheur pour cette nation pécheresse, pour ce peuple chargé de fautes, pour cette engeance mauvaise, pour ces fils pervertis ! Ils ont abandonné l’Éternel, ils ont bafoué le Saint d'Israël. Ils ont déserté...