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Noël : Des bergers, un ange, du courage et un indice

(Luc 2)

(écouter, écouter le culte, imprimer la feuille)

Soir de Noël, 24 décembre 2023
Culte au temple de Vandœuvres
prédication du pasteur Marc Pernot

Bien souvent, un épisode biblique présente l’essentiel de ce qu’il veut dire dans les premiers mots. C’est assez précieux. Tout particulièrement dans le passage que nous lisons en cette nuit de Noël. Dans ce récit, immédiatement après la naissance de Jésus, Luc nous présente des bergers : ils donnent en en quelque sorte, le mode d’emploi pour se saisir du salut que Dieu offre au monde.

Un salut déjà donné

La première bonne nouvelle est que les bergers n’ont rien à faire pour que ce salut vienne, il est donné au monde comme un cadeau, avant même que les bergers n’apparaissent dans la narration. La question est seulement de le trouver, mais quand même de le trouver de vivre de cette incroyable source de vie. Nous sommes dans cette situation en cette nuit de Noël : « on » nous dit qu’une grande joie est arrivée pour tout le monde, un salut merveilleux, une lumière dans la nuit, et tout et tout... c’est bien, mais comment faire pour que ce salut « fonctionne » et nous apporte la belle vie promise ?

La figure du berger : compassion et louange

C’est remarquable que ce récit nous propose de nous identifier à des bergers pour trouver ce qu’apporte le Christ. Luc aurait pu nous proposer des sages, des savants ou des religieux comme le fait Matthieu dans son récit, mais Luc nous propose plutôt des bergers. Bien des prédicateurs interprètent cela comme un appel à l’humilité et à la pauvreté. Ce n’est pas juste, car dans la Bible, le berger évoque tout le contraire. Le berger est une figure royale et même divine comme dans le fameux Psaume 23 « L’Éternel est mon berger ». La Bible compare aussi un bon roi à un berger de son peuple. Et les meilleures personnes dans bien des histoires bibliques sont des bergers : Abel, Abraham, Jacob, Moïse et le roi David. Pourquoi ? Parce que la figure du berger met en avant l’attention aux autres, il prend soin de chacune de ses brebis.

La première piste que cela nous donne pour saisir ce qu’apporte le Christ c’est cela : l’attention à ceux qui nous sont confiés. C’est cet état d’esprit qui permet de nous ouvrir aux petits signes de ce qui est important en réalité, et de nous bouger pour aller voir.

Pourtant, ce n’est pas totalement faux de dire que les bergers étaient parfois mal vus au temps du Christ. Mais de qui étaient-ils mal vus ? Des intégristes attachés aux rites religieux et à la pure doctrine officielle. En effet, quand on s’occupe d’un troupeau ce n’est pas facile de bien suivre strictement les 613 commandements de la loi juive, pas facile d’aller au centre de Jérusalem pour faire un pèlerinage au temple, pas facile d’aller chaque semaine à la synagogue, ni même de respecter le shabbat : le berger doit marcher pour faire boire et paître le troupeau, traire les brebis, soigner les agneaux, aller rechercher celle qui est perdue... La foi du berger s’exerce autrement : son temple c’est de lever les yeux sur le ciel étoilé, c’est de sentir le souffle du vent sur son visage, de se réjouir de la pluie et du soleil. Son culte c’est la prière de louange dans la solitude, c’est la confiance dans l’Éternel. On pourrait dire que le berger est en avance sur les autres croyants, car, comme le dit Jésus (Marc 2:27) , la religion n’est qu’un exercice pour progresser soi-même dans cette relation cœur à cœur avec Dieu.

C’est la seconde piste que nous donne ce texte pour saisir le salut donné par Dieu en Christ : c’est la prière personnelle, libre et sincère dans notre vie courante.

Effectivement, c’est ce que signifie dans la Bible l’apparition d’un ange : nous pouvons tout simplement le traduire par ce qui se passe quand nous prions. Car en réalité, si vous voyez apparaitre un ange avec des ailes en cette nuit de Noël, c’est peut-être que le champagne ne vous réussit pas, ou que l’oncle Antoine s’est trompé de costume pour apparaître en père noël.

Je retiens donc ces deux pistes pour s’ouvrir au salut que Dieu nous a donné en Christ : l’attention aux autres, et veiller par la prière en notre nuit, à l’image de ces bergers de l’Évangile.

Mais Luc aurait pu nous montrer en exemple UN berger doué de ces deux qualités, alors qu’il nous parle d’un groupe de bergers. Ce pluriel me convient bien, car je ne me sens à la hauteur ni de faire preuve d’une compassion universelle ni d’une prière m’élevant toujours jusqu’au 3 e ciel (Paul, 2 Cor. 2:2), c’est pourquoi il est bon que nous fassions un petit peu corps ensemble, afin que nos élans du cœur, nos intelligences et nos éclairs de Saint Esprit nous aident à avancer mutuellement.

Le message de l’ange

C’est ainsi que ces bergers que nous sommes, veillant dans la nuit du monde, reçoivent deux choses qui les éclairent sur le chemin du salut de Dieu :

Le premier est un « n’ayez pas peur». Alors qu’il y a mil raisons d’avoir peur. Ce « n’ayez pas peur» est le premier effet de la prière : se sentir gardé, gardé sans condition, au dessus de tout. Cela donne de l’audace et de la liberté.

Le second cadeau que les bergers reçoivent de l’ange est des indices pour avancer dans la recherche du salut qui n’attend qu’eux pour les réjouir. C’est comme le plan d’un trésor que l’on trouverait par surprise dans une cache d’un meuble ancien. Ce message dit :

« Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

« Un signe» : cela invite à lire, à comprendre ce qui est derrière l’écorce des choses, du monde et des êtres. Saisir le sens, la réalité profonde. C’est ce que nous essayons de faire en ce moment.

« Vous trouverez» : c’est une invitation à chercher, et la promesse que nous trouverons. Il n’y a pas de condition de piété, de sagesse, de nombres de cultes : simplement de chercher, avec cette promesse que Jésus dira « quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe à la porte » (Matthieu 7:8)

Effectivement, il n’y a rien de plus triste qu’une personne qui ne cherche rien. Même un géranium cherche la lumière : chercher est le propre du vivant. Chercher la source de vie qui nous est donnée par Dieu, c’est ce dont l’âme humaine a soif, au plus profond de nous.

« Vous trouverez un bébé emmailloté et couché dans une mangeoire» Au sens matériel, c’est très ordinaire. En effet, il nait dans le monde en moyenne plus de 4 bébés par seconde, quand ils naissent, ils sont la plupart du temps emmaillotés, c’est la moindre des choses, puis ils sont posés dans un berceau ou ce que l’on trouve pour ne pas les laisser par terre, bien sûr, ni sur une table où ils pourraient tomber, donc pourquoi pas une mangeoire avec du foin dedans, l’étable étant la pièce la plus chaude de la maison. Ces éléments sont donc des signes à interpréter, bien sûr.

Le salut est comme un bébé

Ne nous désespérons pas si notre vie est imparfaite, notre foi minuscule, s’il y a de la maladie, de la fatigue, de la lourdeur, de l’obscurité dans notre être. Au fond de nous il existe une merveille nous dit sans cesse le Christ qui va jusqu’à nous dire : toi, u es le sel de la terre et la lumière du monde (Matthieu 5:13-16). Notre être a une dimension divine, ne serait-ce que comme un petit nouveau né. Et cela change tout, cela sauve le tout.

Ce n’est pas de l’ordre de la quantité, mais de la qualité d’être. Que représente un bébé dans l’ensemble de la population de l’empire Romain, qu’est ce bébé face à César-Auguste, empereur régnant en maître sur une grande partie du monde ? Et pourtant ce bébé changera la face du monde, il inspire des milliards de personnes 2000 ans après.

il est le signe de ce qui est de l’ordre d’une qualité divine de notre propre être. Et de la personne qui est à côté de nous. Mais pour voir cela il faut cette qualité du berger de faire attention à chacun, il faut la sensibilité au souffle de Dieu qui nous fait chercher cette dimension divine, la reconnaître en profondeur.

Le salut est comme un bébé emmailloté

Le second signe est que ce bébé est ainsi gardé, protégé, soigné. Ce signe est reconnu par la foi, révélé par l’ange, dans la prière : envers et contre tout ce qui peut arriver, le meilleur en nous est et sera gardé, protégé par celui qui nous a donné la vie. Dieu nous a donné d’être son enfant, et donc il prend soin de nous et nous gardera toujours. C’est aussi simple que cela.

Comme Marie a emmailloté son fils. Avec l’aide de Dieu, prenons soin de notre âme, d’autant plus qu’elle est fragile et infiniment précieuse. Emmaillotons notre part divine, notre personnalité précieuse, ne la laissons pas être cabossée, refroidie par les intempéries de la vie. Et prenons soin de ceux qui nous sont confiés, comme un berger.

Le salut nous est donné dans une mangeoire

C’est là un précieux signe car il nous donne le mode d’emploi du salut qui nous est donné par dieu en Christ.

Il nous est donné comme une nourriture pour notre être, pour notre espérance, pour notre confiance en Dieu, pour notre capacité à aimer.

Quand nous mangeons une saucisse, nous ne devenons pas un cochon pour autant et quand nous mangeons une courgette nous ne devenons pas une courgette. Mais cela nous apporte les protéines et les vitamines pour que notre personne puisse grandir, être en forme, être plus libre de faire ce que nous aurons à cœur de faire.

Le Christ est comme cela, il n’est pas à recevoir une contrainte qui nous enferme dans la crainte ou la soumission. Il est comme une nourriture pour permettre à l’enfant de Dieu que nous sommes de grandir et d’être en forme.

L’Évangile est une table prête pour nous. Personnellement, je trouve que c’est agréable et utile de manger un petit peu chaque jour, aussi bien pour mon corps, que pour mon âme.

Et c’est pourquoi nous remercions Dieu chaque jour.

Amen.

Pour débattre sur cette proposition : c'est sur le blog.

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Textes Bibliques

Luc 2

6Le jour où Marie devait accoucher arriva ; 7elle accoucha de son fils premier-né, elle l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.

8Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau. 9Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d’une grande crainte. 10L’ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : 11Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur ; 12et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » 13Tout à coup il y eut avec l’ange l’armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait : 14« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés. »

15Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent entre eux : « Allons donc jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. » 16Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. 18Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. 19 Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en cherchant le sens. 20Puis les bergers s’en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.