( Matthieu 7:21-29 ; 1 Corinthiens 3 )
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Culte du dimanche 17 mars 2013
prédication du pasteur Marc Pernot
Pour certaines personnes, il semble que la foi soit comme l’option « air climatisé » pour une voiture, un raffinement pas indispensable, surtout en cette saison, l’essentiel étant de faire un peu de bien.
Et c’est vrai que Jésus insiste bien plus que d’autres sur l’importance d’une foi qui s’incarne dans des actes de solidarité.
Alors qu’est-ce qui est l’essentiel dans la vie humaine et dans le monde, dans notre société. Est-ce que c’est la morale, la solidarité ? Ou bien est-ce que l’essentiel est la foi en Dieu ? Hum… c’est plus complexe que ça. L’essentiel est dans l’articulation entre les deux et c’est là, me semble t-il, le génie de ce que nous propose le Christ.
C’est ce que montre ce passage de l’Évangile que nous avons entendu. Jésus commence par un appel à la cohérence entre notre foi et nos actes, ce qui est un enseignement important mais passablement évident :
Ceux qui me disent : « Seigneur, Seigneur! » n’entreront pas tous dans le royaume des cieux,
mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. (Mat. 7 :21)
Ah, se dit-on, Jésus est clair (pour une fois) : l’important c’est donc de faire ce qui est juste, de partager son pain avec celui qui a faim, d’abriter le pauvre sans abri, de visiter le malade…
Mais après cette leçon simple et efficace, Jésus, comme souvent, brouille les pistes, et semble dire l’inverse dans le verset suivant. Il continue, faisant parler ceux qui sont surpris de se retrouver hors du Royaume de Dieu, hors de la vie :
Plusieurs me diront alors : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom? Alors je leur dirai : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité.
Comment comprendre cela ? À première vue, qu’est-ce qui pourrait être plus « faire la volonté de Dieu » que ça : faire des miracles en guérissant des gens, et en plus le faire « au nom du Christ » ! et de prophétiser en son nom, de chasser des démons par son nom ! N’est-ce pas une belle vie, et même une excellente vie avec l’option « fait au nom du Christ » en plus ? Et bien non. Jésus qualifie ces actes d’injustes, de contraire à la loi de Dieu, il dit que ces personnes et ces actes lui sont étrangers ! Que ces beaux actes bien moraux sont donc en quelque sorte néfastes, puisque sinon Dieu s’en réjouirait.
Quelle remise en cause ! Quelle énigme. C’est volontairement que Jésus bouleverse la logique simpliste de ses auditeurs, c’est pour les amener plus loin. Plus loin que l’habituel moralisme de base qui nous semble transcendant tellement à force d’être du politiquement correct, si consensuel dans la société, dans la famille ou dans l’église à laquelle nous appartenons.
Mais Jésus ne nous laisse pas sur ce choc, il poursuit, il complète ces paroles tout à fait étranges avec la célèbre parabole de la maison sur le roc ou sur le sable. Parabole qui articule foi et action, parabole qui met l’individu au centre, l’individu et son Dieu. Avec la construction d’une simple maison, qui évoque la vie humaine. Cette image déjà nous invite à la liberté et à la responsabilité.
Tous les auditeurs de Jésus savaient évidemment ce que signifient le sable et le roc dans la Bible :
Nous sommes libres de construire, libres de faire comme on le sent, la question essentielle, nous dit ainsi Jésus c’est de savoir ce sur quoi on bâtit, qu’est-ce qui sous-tend notre espérance et notre motivation. Qu’est-ce qui orientera notre construction ? Quel est pour nous le moteur principal d’un beau projet humain ? Est-ce que c’est Dieu (le rocher) ou est-ce la collectivité humaine (le sable) ?
Jésus nous dit ici avec une extrême insistance : ce qui doit soutenir tout cela c’est Dieu, l’écoute de Dieu, c’est la foi. C’est ça qui est le point fondamental, c’est ce qui doit être le point de départ de notre action. Partir de cela pour agir, oui, mais ensuite, et comme bon nous semble, selon notre inspiration.
Mais, allez-vous me dire, prophétiser au nom du Christ, faire des miracles, chasser des démons en son nom, ce n’est pas agir en prenant pour base Dieu et le Christ ? Et bien non. Pas forcément.
Voilà ce que propose ce texte :
Nous savons bien que dans la Bible la Parole de Dieu n’est pas un bordereau en bonne et due forme qui nous dicte ce que nous devrions faire.
Dans le texte de Paul nous voyons ce qu’apporte la Parole de Dieu : Dieu fait grandir et il purifie. Écouter, c’est attendre cela de Dieu, puis agir librement.
Cela nous invite à d’abord ressentir que notre vie et la sienne sont portées par une même grâce, un même socle. Cela invite à ne pas seulement agir de l’extérieur sur la vie de notre prochain, mais à l’aider trouver ou retrouver au plus profond de lui-même la source divine de la vie qui ressuscite et qui grandit.
Paul reconnaît que ce n’est pas lui qui fait le miracle de faire grandir ses Corinthiens qu’il veut aider, mais lui, il a « seulement » à leur donner la nourriture qui va convenir à leur état d’enfant et alimenter ainsi la croissance que Dieu seul peut donner. Notre action est parfois modeste, comme celle de Paul, et doit être complétée par celle d’un autre, d’un Apollos. L’un plante, l’autre arrose mais c’est Dieu qui fait pousser.
L’écoute de Dieu est donc essentielle, pour savoir l’action juste à un moment donné, faut-il donner du lait ou un steak ? Est-ce temps de planter ? Ou est-ce le temps d’arrêter de semer encore pour arroser ? Ou au contraire faut-il arrêter d’arroser pour laisser pousser tranquillement ?
Le Christ n’a pas écrit un livre de catéchisme ni un manuel de morale. Par conséquent, toute parole prophétique dite « en son nom », tout miracle fait « en son nom » est une usurpation de son identité. Écoutons plutôt ce que Dieu nous met dans le cœur, puis décidons, comme Paul le fait, de ce que nous pensons juste de faire.
Cette écoute de Dieu est individuelle, nous dit ici le Christ. Au début de ce récit Jésus parle au pluriel « ceux qui disent Seigneur, Seigneur », ceux qui disent « nous avons hyper bien agi en ton nom », avec cette bonne conscience que donne le groupe. Au contraire, dans le cheminement que propose Jésus, il passe du pluriel au singulier « celui qui écoute et qui fait ».
Le groupe peut aider, comme le fait Paul, mais pour donner l’envie et la force d’aller a cette source qu’est l’Esprit de Dieu. Cette écoute de Dieu n’est donc pas aliénante, bien au contraire, car elle ne nous vient pas de l’extérieur, comme dans le cas d’une vie gouvernée par un code moral, ou par une conscience de groupe. Il s’agit d’écouter Dieu au plus profond de nous-mêmes, écouter Dieu qui parle dans le meilleur de nous-mêmes. Paul confirme cela :
Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous? (1 Cor 3 :16)
Ça, c’est la spécificité du chrétien, normalement. Il sait que l’Esprit de Dieu habite en nous, en chacun. Et donc nous n’avons pas à prophétiser « au nom du Christ ». Ce que nous faisons au nom du Christ, c’est de laisser l’Esprit prier en nous par des soupirs inexprimables (Rom. 8). Alors nous pourrons prophétiser, mais en notre nom. Christ, en nous disant d’écouter individuellement la volonté de Dieu, fait de nous un prophète. À l’écoute d’une Parole qui n’est pas racontable, mais qui est inspirante. Alors nous construirons librement notre maison, notre vie, nos projets, notre œuvre.
Vient alors le temps de l’action individuelle mais aussi de la solidarité, et de la complémentarité avec les autres. C’est cette écoute individuelle de Dieu qui elle seule peut lier entre eux les grains de sable de façon souple et vivante. Nous permettant de reconnaître la source commune derrière des actes apparemment différents comme ceux de Paul et d’Apollos. Nous construirons un peu de guingois peut-être, avec des pierres précieuses et avec de la paille, ce qui est bien construit tiendra, ce qui est moins bien construit s’écroulera. Mais de toute façon, nous dit Paul, chacun sera sauvé. Oui, chacun sera sauvé, même si c’est comme au travers du feu, ne laissant que purement et simplement ce socle qui, en chacun, est le fond du fond et qui vient de Dieu.
Et l’action juste n’est pas seulement de prophétiser pour éclairer l’autre, ce sera aussi de faire comme le Christ fait pour nous, ce sera prioritairement dire à l’autre qu’il est tout autant digne que le Christ lui-même d’écouter Dieu. Il n’y a rien de plus digne et de plus libérant que d’aider quelqu’un à découvrir cela. Regarder l’autre comme cela et chercher à lui faire sentir cette vérité que, même s’il ne le savait pas, il est le lieu d’une étincelle divine, le temple d’une dynamique de vie prodigieuse, qu’il est et demeurera, un être dont la vie est infiniment bonne, sacrée. Et qu’il est gardé, gardé quelque part. Aider l’autre, c’est alors l’aider à laisser Dieu le ressusciter, c’est faire prendre conscience à l’autre qu’il a en lui cette ressource extraordinaire de Parole, de miracle et d’élimination de ses propres démons.
Jésus critique ainsi les systèmes où un groupe d’humains, fussent-ils de dignes enfants d’Abraham, auraient défini une somme de paroles justes qui seraient à répéter au nom du Christ, et qui dit les actes justes qui seraient à faire en son nom.
La parole juste, l’acte juste et la solidarité ne sont que des fruits de l’écoute individuelle de Dieu. Bien sûr, il sort de cette créativité, du bon grain et de l’ivraie, mais tout est à nous, nous sommes ici dans notre vie chez nous, tant que nous sommes sincèrement à l’écoute de Dieu il pourra travailler à purifier ce qui ne va pas et à faire venir la Parole, la croissance, et la pureté. C’est cela « être dans le Royaume de Dieu », c’est le laisser parler en nous, travailler en nous et un peu grâce à nous en d’autres que nous.
Le moralisme donne pourtant souvent de très bons conseils, mais il y a de lourds dommages collatéraux.
Il est extrêmement élitiste. Une morale qui dit que l’essentiel est de faire le bien sauve celui qui y arrive, le riche qui peut être généreux, celui qui est assez équilibré pour être bien maître de lui, celui qui est assez philosophe pour être sage, celui qui a été aimé, entouré, éduqué… Au contraire, le Christ accueille les « personnes de mauvaise vie », qui disent qu’ils n’y arrivent pas. L’Evangile est donné pour tous, l’Évangile qui dit que nous sommes sauvés même si nous construisons notre vie tout de travers, que de toute façon, au fond du fond de notre être il y a ce socle qu’est le Christ, et que même en le voulant très fort il n’est dans le pouvoir de personne, nous dit Paul, de poser d’autres fondations à notre être individuel. Il dit ça à des Corinthiens dont il dit ensuite que franchement ils exagèrent dans la mauvaise conduite et que nulle part, jamais,il n’a vue de telles horreurs que chez eux (1 Cor. 5 :1).
À ceux-là, à nous, le Christ dit tout est à vous et vous êtes à Christ et Christ est à Dieu. Il vous gardera en Christ. Mettez-vous à l’écoute de l’Esprit en vous, puis faites au mieux. Tout est à vous. Vous êtes chez vous.
Le moralisme est vrai sur le plan théorique, mais souvent faux sur le plan pratique. Par exemple, le moraliste dira « il faut pardonner ». C’est bien pour ceux à qui rien de grave n’a été fait. C’est bien pour ceux qui ont un cœur et une tête en pleine forme. Mais à celui qui est déjà brisé ce moralisme ajoute encore la culpabilité de ne pas arriver à pardonner tout de suite. Alors c’est vrai qu’il est bon de pardonner, mais pour que cela soit possible, il faut vivre un miracle de croissance et de purification, un miracle dont nous en avons la source au fond de nous-mêmes, Christ nous aide à nous mettre à son écoute. Cette « sagesse » qui dit qu’un chrétien doit pardonner peut pousser une femme maltraitée à accepter de se laisser maltraiter, cette bonne morale parfois, sera source de la mort d’une femme martyr. Telle fois le pardon sera l’acte juste. Telle autre fois c’est la révolte qui sera prophétique et le départ qui sera l’acte juste, Le pardon pourra venir après… la grâce du pardon pour tous.
Le moralisme nous dit que la vie, c’est de servir l’autre, d’aider le pauvre, de visiter le malade. C’est très vrai et c’est très épanouissant pour celui qui a du pain à donner, la santé et la liberté pour se promener. Mais en disant cela, que va ressentir celui qui n’en n’a pas les moyens ? Cette bonne morale dit à celui qui est handicapé que sa vie ne serait pas belle, pas véritable et pas bonne. Rien n’est moins faux. Elle est seulement plus dure que d’autres, mais possiblement plus belle, plus véritable et meilleure. Le Christ nous dit que le roc de la Parole de Dieu est la fondation de l’être de chacun, source de toute dignité.
Mais si le pauvre ne sait pas qu’il a ce prix aux yeux de Dieu, qui le lui dira ? S’il est privé même de cela, Christ aurait-il parlé, Christ serait-il mort en vain ?
Vous pouvez réagir en envoyant un mail au pasteur Marc Pernot.
21 Ceux qui me disent: « Seigneur, Seigneur! » n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
22 Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom? n’avons-nous pas chassé des démons en ton nom? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom?
23 Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité.
24 C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. 25 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison: elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc.
26 Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. 27 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison: elle est tombée, et sa ruine a été grande.
28 Après que Jésus eut achevé ces discours, la foule fut frappée de sa doctrine; 29 car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes.
Pour moi, frères (et sœurs), ce n’est pas comme à des personnes spirituelles que j’ai pu vous parler, mais comme à des personnes charnelles, comme à des enfants en Christ. 2 auxquels j’ai donné à boire du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas encore la supporter. Et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels. 3 En effet, puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels, et ne marchez-vous pas selon l’homme? 4 Quand l’un dit: ‘Moi, je suis de Paul’ et un autre: Moi, d’Apollos! n’êtes-vous pas des humains ? 5 Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. 6 Moi (Paul), j’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait grandir, 7 en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais celui qui fait grandir : Dieu. 8 Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre effort. 9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu.
10 Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus.
11 Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, qui est Jésus-Christ. 12 Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée; 13 car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun. 14 Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. 15 Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.
16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous? 17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes.
18 Que nul ne s’abuse lui-même: si quelqu’un parmi vous pense être sage selon ce siècle, qu’il devienne fou, afin de devenir sage. 19 Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. Aussi est-il écrit: Il prend les sages dans leur ruse. 20 Et encore: Le Seigneur connaît les pensées des sages, Il sait qu’elles sont vaines.
21 Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes; car tout est à vous, 22 soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir.
23 Tout est à vous; et vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu.