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Culte du dimanche 22 mai 2016
prédication du pasteur Marc Pernot
Dans cette histoire fantastique, le salut est présenté comme un grimoire qu’il faut arriver à ouvrir afin d’avoir la source d’une vie merveilleuse. C’est pourquoi une vieille Bible est exposée au milieu d’un temple protestant, comme pour dire que la source de vie que Dieu nous offre est comme un livre qui nous est donné.
Un livre peut contenir des secrets incroyables, le plan pour trouver un trésor, une recette de cuisine, une histoire qui nous bouleverse, ou une sagesse venant des temps anciens, voire des formules magiques qui permettent des choses incroyables.
Le salut de Dieu nous est donné comme un livre, comme un ancien grimoire qui nous ouvre sur des choses que nous n’imaginerions même pas, nous dit l’Apocalypse. En fait, ce livre qui nous est donné dans ce texte, c’est la vie elle même. Elle nous est donnée comme un livre venant de Dieu, comme un grimoire venant des temps anciens (la vie a des milliards d’années). Un livre que nous pouvons lire et interpréter librement pour en faire notre propre histoire.
Mais pour cela il faut commencer par ouvrir ce livre pour avoir accès à ses secrets. Et partir ensuite chercher le trésor dont il parle, ce trésor que nous sommes et ce trésor qu’est la vie, notre vie. Nous pourrons aussi, à d’autres pages, apprendre des formules magiques, de celles qui nous donnent le pouvoir de devenir enfant de Dieu, nous dit Jean dans un autre de ses livres extraordinaires : l’Evangile. Car oui, tels que nous sommes, Dieu nous donne de pouvoir faire des miracles.
Le grand livre de la vie, l’antique grimoire plein de secrets, nous l’avons entre les mains. Et comme le dit l’apocalypse, il n’est pas facile de l’ouvrir. Il est fermé, bien fermé par 7 sceaux. C’est pourquoi, au début de ce texte, le héros de cette aventure pleure car il découvre que personne n’arrive à ouvrir ce livre de la vie, ni même à le regarder ! Quelle frustration.
Effectivement. Nous savons ce que c’est que la vie, puisque nous la vivons. Mais si on nous demande le sens de la vie, ou la source de la vie, ou le secret pour avoir un cœur qui aime, ou le secret pour retrouver le moral quand on l’a perdu, ou le secret pour être optimiste, ou pour être meilleur, ni où trouver le pouvoir de rendre un peu plus heureux ceux que l’on aime... nous ne savons pas où regarder, ni comment chercher ces pouvoirs.
Mais le récit de l’Apocalypse continue : « ne pleure pas », il y a quelqu’un qui « a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux ». Et cette personne, chose étrange, est appelée à la fois « le Lion » et « l’Agneau ». Et cette personne, c’est le Christ, fort et puissant pour ouvrir le sens de la vie, de nous aider à nous confronter aux questions difficiles, envers et contre toutes les négativités possibles, les souffrances, les trahisons, les peurs et les échecs. Mais le Christ n’est pas seulement le Lion, il est pour nous aussi l’Agneau, animal dont nous n’avons absolument rien à craindre. L’Evangile nous dit même que sa parole et son exemple de vie est pour nous comme un délicieux repas, un agneau rôti que l’on partage avec nos proches pour prendre des forces avant de se mettre en marche vers la vie.
L’agneau est le Christ, et quand on l’intègre en nous-mêmes par la foi, il est alors le Christ en nous, et sa force de lion est en nous pour regarder sans crainte le livre, l’ancien grimoire qu’est la vie, de le regarder sans peur. Et par lui nous avons la force d’ouvrir ce livre avec courage. En regardant la vie telle qu’elle est, face à face, en vérité.
Les 4 premiers sceaux concernent la vie en ce monde, notre vie en ce monde. L’ouverture de ces 4 sceaux en cire qui ferment le livre, l’un après l’autre, est comme 4 verrous qui sautent. Chaque ouverture d’un de ces 4 sceaux est saluée par le cri de la vie qui nous dit « Viens ! », avance dans la découverte de la vie, puis un cavalier passe au gallot. Que signifient chacun de ces 4 chevaliers pour nous apprendre la vie ? Quelle expérience nous font-ils vivre pour la dépasser, en sortir grandis et trouver le sens que nous donnerons à notre propre vie ?
Nous aimerions être comme ce chevalier blanc, être toujours victorieux de tous les obstacles que nous rencontrons. Et puis voilà que, comme tout être humain, nous avons des limites.
Cette 1ère expérience nous apprend que nous ne sommes pas Dieu. D’ailleurs même Dieu connaît l’échec, sans cela, il n’y aurait pas de mal dans ce monde. C’est pourquoi Jésus nous apprend à prier et à agir pour que la volonté de Dieu soit un peu plus faite dans le monde.
Mais voilà, nous ne sommes même pas Dieu.
Par contre, nous pouvons compter sur lui pour nous aider à apprendre à vivre en ce monde. Et pour cela, il est bon d’intégrer cette dimension, ne pas avoir si peur de l’échec et se lancer dans la vie. Ne pas avoir peur de ne pas être parfait. Ne pas chercher à vaincre les autres ni être triste de ne pas être meilleur qu’eux. Mais tout simplement chercher à s’améliorer, et à avancer dans notre propre chemin, accompagné de Dieu, qui nous encourage et nous dit tout simplement « Viens ! » avance dans la vie, ton salut ne dépend pas de tes réussites matérielles, sentimentales, ou humaines. Le salut t’est déjà donné, toute victoire supplémentaire a sa propre beauté en elle-même.
Là encore, il est bon, pour vivre, de dépasser ce que vit ce chevalier. L’homme, trop souvent, cherche la guerre, critique, divise, est jaloux des autres. Je ne sais pas pourquoi nous avons cette incroyable passion pour enlever la paix sur la terre au lieu de bâtir la paix. Pourquoi diable, génération après génération, l’humanité n’a pas encore pris goût à la paix. Pourquoi les humains n’ont pas enfin appris à s’ouvrir à celui qui, seul, donne la paix, l’Agneau de Dieu ?
Pour comprendre la vie, il est bon d’avoir compris, d’avoir saisi que ce cavalier est en nous-mêmes pour le démasquer. Et le reconnaître quand il passe, ce diabolique cavalier rouge et se dire : tiens, encore lui, et écouter une autre voix : j’entendis un être vivant qui me dit : « Viens ! » avance dans la Paix. Viens et fait avancer la paix.
Ce cavalier compte, pèse, cherche la valeur de toute chose, il cherche à acheter et à vendre, c’est sa façon de fonctionner. La voix de la vie lui apprend qu’il peut acheter de quoi manger, acheter de l’orge pour son cheval et acheter du blé pour son pain à lui. D’en acheter pour un denier. Un denier, c’est le salaire d’un ouvrier pour une journée de travail. Notre travail peut servir à nourrir notre cheval et faire avancer les choses, avancer la vie. Notre travail peut servir à nourrir le cavalier, nous nourrir pour être plus en forme. Cela oui, dépend de ce que nous y investissons, et cela vaut le coup. Mais la voix de la vie, la voix de Dieu nous dit que l’huile et le vin ne s’achètent pas. Qu’est-ce que ça veut dire ? L’huile évoque dans la Bible la bénédiction de Dieu, elle évoque la mission que Dieu nous donne dans son équipe pour rendre la vie plus belle et ce monde plus vivable. Le vin évoque la vie et la joie. Cette expérience du 3ème cavalier nous apprend que ces choses importantes ne s’achètent pas. La bénédiction, ça ne s’achète pas et ne se vend pas. Le sens à notre vie, la beauté et la valeur de notre vie, notre place en ce monde, ça se reçoit, on peut tenter de l’offrir aux autres, mais ça ne se vend ni ne s’achète. Ça se reçoit comme un cadeau.
J’entendis la voix d’un être vivant qui me dit joyeusement : « Viens ! » soit béni, rayonne de ce que tu es, pour la joie d’embellir la vie, ça n’a pas de prix.
Voilà peut-être la question la plus dure à regarder en face, le verrou le plus difficile à briser pour ouvrir le sens de la vie. C’est que nous n’avons pas trop de temps sur terre. Nous avons parfois tendance à faire semblant, et à vivre comme si nous avions le temps, et remettre sans cesse au lendemain pour chercher à vivre enfin un peu notre vie. Nous avons parfois tendance à nous désespérer face à la mort qui s’avance, les années qui défilent, le vieillissement, l’usure de l’habitude, la peur des catastrophes, de la maladie...
Pour vivre, il est bon de voir passer et de tenir compte de ce 4ème cavalier verdâtre, qui se nomme la mort. Non pour s’angoisser, au contraire. Pour aimer la vie, pour choisir la vie et la vivre.
Et pour la vivre en lien avec ce qui dépasse la mort. Dieu. Tout simplement. Et ce qu’il apporte. Il est la source de la vie qui dépasse même la vie. C’est l’objet des sceaux de cire suivants, c’est l’objet de l’Évangile qui nous fait découvrir comment, dans notre vie, Dieu apporte une réponse à ces questions. Et découvrir, et vivre, comme le dit l’apôtre Paul que dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés, Dieu. Et que rien, ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. (Romains 8:37-39)
L’Évangile nous propose ainsi de dépasser ces 4 expériences négatives de la vie, de les ouvrir comme 4 questions essentielles :
Notre vie n’a pas de sens donné a priori. Elle nous vient de loin, elle nous vient du fond des âges et elle est pour nous une énigme, comme ce grimoire fermé, cacheté, livre que nous n’avons pas la force même de regarder en face. L’Agneau nous aide à ouvrir ce livre, à chercher et à commencer à écrire avec Dieu le sens que nous pouvons donner, lui et nous, nous avec lui, le sens de notre vie.
Cela commence par affronter ces 4 questions sans les éviter, pour en chercher une réponse intelligente et vraie, une réponse personnelle, une réponse qui fasse notre vie. Ces 4 cavaliers représentent les 4 grandes limites de notre vie, ils représentent aussi les 4 grandes aides que Dieu nous donne en Christ pour les vivre et les dépasser autrement, de la plus belle des façons.
Le cavalier blanc qui porte une couronne peut évoquer le Christ qui nous porte la certitude du pardon de Dieu sur nos échecs. Le cavalier rouge feu peut évoquer la Parole de Dieu qui donne d’être capable d’aimer. Le cavalier avec la balance à la main peut évoquer la grâce de Dieu qui nous dit notre valeur infinie aux yeux de Dieu, et la cavalier vert celui d’un nouveau printemps qui nous dit la résurrection, que jamais, avec Dieu, la mort n’aura le dernier mot, mais que nous sommes promis à la vie.
L’Évangile est une reprogrammation de notre façon de vivre la vie, un changement de logique dans notre recherche, et une ouverture à la transcendance.
La question n’est pas celle de la perfection, mais d’entendre l’appel du 1er être vivant : « viens ». Appel à aller de l’avant, appel à aller vers Dieu, il est le premier des Vivants. Appel aussi à écouter le cri des autres personnes vivantes à nos côtés, d’entendre leur besoin de nous rencontrer et d’être en lien ensemble : « Viens » nous disent leur vie.
Bien sûr, c’est difficile de répondre à ce cri « viens », nous avons de quoi avoir peur car se rencontrer c’est aussi se cogner, se froisser, sentir nos limites. Mais dans un autre sens, c’est vivre et dépasser nos limites. Nous ne pourrons pas être dans la paix parfaite, certes, mais nous y travaillerons, nous progresserons. « Viens », nous Dieu, et nous essayerons de nous réconcilier, de nous expliquer, d’aller l’un vers l’autre et tu seras mon enfant et je serai ton Dieu. Et découvriras que tu fais partie avec les autres humains d’un peuple, de mon peuple.
Ce « viens » que nous dit Dieu est la premier dépassement de nos limites. Le second est dans l’appel à découvrir le prix de la gratuité, de ce qui ne s’achète ni ne se vend. L’incroyable valeur de la grâce, c’est de Dieu que nous l’apprenons. Par Dieu nous en devenons capables, sur lui, alors, nous pouvons nous reposer.
Et ainsi ne plus attendre de mourir pour vivre. De ne plus vivre pour la mort. Mais de Vivre. Tout simplement. De vivre ce jour.
Seigneur, dit Pierre à Jésus,
à qui d’autre irions-nous qu’à toi ?
Tu as les paroles de la vie éternelle. (Jean 6)
Tu nous donnes la paix, tu nous donnes ta paix.
Cette paix que le monde ne peut donner
parce qu’il ne la connaît pas.
de sorte qu’enfin notre cœur ne se trouble plus,
ne s’alarme plus (Jean 14 :27)
Amen.
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Je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre écrit en-dedans et en-dehors, fermé de sept sceaux. 2 Et je vis un ange puissant qui proclamait d'une voix forte : Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en rompre les sceaux ?
3 Mais personne dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne pouvait ouvrir le livre, ni le regarder.4 Et je pleurais beaucoup, parce que personne ne fut trouvé digne d'ouvrir le livre, ni de le regarder. 5 Et l'un des anciens me dit : Ne pleure pas ; voici que le lion de la tribu de Juda, le descendant de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.
...
6:1 Je regardai, quand l'Agneau ouvrit le 1er des sept sceaux, et j'entendis le 1er des 4 êtres vivants dire comme d'une voix de tonnerre : Viens. 2 Je regardai, et voici un cheval blanc. Celui qui le chevauchait tenait un arc ; une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre.
3 Quand il ouvrit le 2ème sceau, j'entendis le 2ème être vivant dire : Viens. 4 Et un autre cheval, rouge feu, sortit. Celui qui le chevauchait reçut le pouvoir d'ôter la paix de la terre, afin que les hommes s'égorgent les uns les autres ; et une grande épée lui fut donnée.
5 Quand il ouvrit le 3ème sceau, j'entendis le 3ème être vivant dire : Viens. Je regardai, et voici un cheval noir. Celui qui le chevauchait tenait une balance à la main. 6 Et j'entendis comme une voix au milieu des quatre êtres vivants ; elle disait : Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d'orge pour un denier ; quant à l'huile et au vin, n'y touche pas.
7 Quand il ouvrit le 4ème sceau, j'entendis la voix du 4ème être vivant dire : Viens. 8 Je regardai, et voici un cheval d'une couleur verdâtre. Celui qui le chevauchait se nommait la mort, et le séjour des morts l'accompagnait. Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par l'épée, par la famine, par la peste et par les bêtes sauvages de la terre.
(Cf. Colombe)