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Jérusalem nouvelle : un idéal nous est offert

(Apocalypse 21)

(écouter, écouter le culte, imprimer la feuille)

21 mai 2023
culte eu temple de Cologny
prédication du pasteur Marc Pernot

C'est utile d’avoir une certaine idée de ce que nous aimerions être. D’avoir ainsi un idéal, une visée. Qu’on le veuille ou non, nous serons façonné par la vision de l’humain idéal que nous avons. Plus ou moins rapidement selon la place que nous nous accorderons pour travailler sur nous-même. Mais de toute façon.

Mieux vaut donc vraiment nous forger quel idéal nous nous donnons, c’est à dire : ce que nous entendons par être une bonne personne. Élaborer notre propre idéal est le cœur même de notre liberté personnelle. Cela oriente et nourrit notre cheminement, au lieu de nous laisser emporter comme une feuille morte par des tourbillons de vent. Cela nous invite à travailler à cela pour nous même, pour notre couple, pour notre société, et aussi à aider nos enfants à se saisir de la construction de leur propre visée.

Dans cette page qui est presque la dernière de la Bible, Jean nous offre quelques repères pour construire notre idéal, des points d’attention pour être une bonne personne. Il le fait en reprenant un genre littéraire surréaliste, c’est vrai. Cette forme est un peu complexe à lire, mais elle a un grand avantage c’est qu’elle est propre à libérer l’imagination du lecteur. C’est bien plus inspirant que le serait une liste de doctrines et de commandements.

C’est déjà fait ! Cela se déploie ici et maintenant.

Avant de voir quelques traits de la visée que nous propose Jean, voyons comment il la présente. Juste avant ce passage, Dieu dit « C'est fait ! Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la finalité. A celui qui a soif, je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement. »

Nous voyons ainsi que cette vision de Jean est une visée pour nous, une finalité, un « point oméga ». C’est une espérance pour notre futur, et en même temps c’est « déjà fait », nous dit Jean, c’est déjà en chacun de nous. C’est en train d’advenir comme cette ville qui est en train de descendre du ciel sur terre. Cet idéal d’humain est à discerner comme quelque chose de fort et de magnifique qui est en nous et qui est fait pour se déployer ici et maintenant, comme une fleur qui s’ouvre.

La deuxième chose que l’on peut remarquer c’est que cette qualité d’être nous vient du ciel, d’un point alpha, une source qui arrose et féconde cette magnifique nature qui est déjà la nôtre. Cet humain idéal est donc une qualité à reconnaître et une dynamique à vivre, c’est bien plus simple qu’il n’y paraît.

Que nous propose donc Jean comme visée de l’humain, à la lumière du Christ ?

Comme une ville, une Jérusalem céleste

Jean aurait pu parler en termes philosophiques pour caractériser notre idéal. Il préfère nous comparer à une ville. On sait ce que c'est qu’une ville, c’est concret : c'est un endroit où l'on vit, où l'on rencontre d'autres personnes, un endroit où l'on s'amuse et où l'on travaille, un endroit ou l'on peut être heureux, ou isolé. Une ville, ça exprime les multiples facettes de notre être : nos sentiments, nos émotions, nos idées, nos humeurs, nos souvenirs, nos blessures, nos temps de fêtes et nos soucis, notre travail et nos relations de famille… C’est tout cela qui est appelé « saint » : c’est-à-dire aimé par Dieu en particulier, et que Dieu appelle à rayonner à sa façon de bonnes choses dans ce monde.

Cette ville que nous sommes il l’appelle « Jérusalem», ce qui signifie littéralement « la source de Paix», ce que n’a jamais été la Jérusalem physique, hélas, dans ses 5'000 ans d’histoire, située comme ça au carrefour de trois continents. Il y a donc là une ironie, nous appelant « la source de paix », non pas par les armes comme le roi David, mais en devenant une source de paix par le ciel, par le spirituel, par un cœur qui aime, et qui nous donne d’être un magnifique nous-même. Jérusalem n’est pas seulement appelée Yéroushalem mais Yéroushalayim « la source d’une double paix », c’est ainsi que Dieu voit se développer notre personne : comme une ville source d’un bon rayonnement de réconciliation avec Dieu et de réconciliation en ce monde et ses habitants.

Comment est construite cette Jérusalem, figure de nous-même ?

1) La ville a une haute muraille et 12 portes ouvertes

Une « grande et haute muraille», c’est une force, une défense. « Douze portes », c’est une ouverture. Il est bon d’avoir les deux, d’une bonne et juste façon.

On ne peut être ouvert, on ne peut être source de paix que si l’on a une vraie personnalité. Aimer n’est pas se fondre, ni en Dieu, ni dans le monde. Cela demande d’abord de connaître et de développer notre propre personnalité, de l’aimer, l’assumer, la construire d’une belle façon. Alors nous pourrons nous ouvrir, nous pourrons sortir et visiter d’autres façons de voir, alors nous pourrons nous laisser visiter par d’autres, nous pourrons compatir et échanger sans nous perdre.

La riche description de la muraille montre combien cela semble important à Jean. C’est vrai que Jésus avait une forte personnalité et a touché des disciples qui n’étaient pas des nouilles. Pour bâtir cette muraille, cela nous aide de nous savoir reconnu comme « saint », c’est à dire d’être aimé, respecté par Dieu et par quelques personnes qui espèrent en nous. Quelle chance quand un enfant est accueilli dans une bonne vraie famille.

La première muraille, la première fondation est de « jaspe » nous disent nos traductions. Ce terme est en réalité un terme général pour une pierre précieuse de diverses couleurs qui est soigneusement polie et devient ainsi brillante, scintillante. J’y vois une invitation première à travailler notre propre personnalité, à affiner notre caractère brut, à mettre en valeur sa lumière propre. Notre personnalité sera bâtie ensuite avec des pierres de multiples couleurs : c’est la richesse de notre construction tout au long de notre existence de la naissance jusqu’au grand âge, avec de multiples rencontres, retraites, inspirations, lectures, prières. Il y a aussi le témoignage des 12 apôtres qui entrent dans ces fondations et nous aident à faire rempart contre des idéologies néfastes ou envahissantes. Seulement là encore la diversité est essentielle : il n’y a pas seulement un apôtre, ni un seul évangile, il y a pas moins de douze personnalités représentant toutes les composantes possibles du peuple de Dieu apportant des regards sur l’humain qu’est le Christ, nous aidant à devenir nous-même. Le tout doit être intégré harmonieusement dans une muraille « grande et élevée » : notre personnalité.

Ensuite, nous dit Jean dans cette vision de l’humain, cette formidable muraille a 12 portes toujours ouvertes, c’est une ouverture tous azimuts : quelle que soit la direction il y a pas moins de 3 portes différentes possibles. Telle est l’ouverture du juste, et sa compassion. Voilà ce que permet le fait d’être soi-même et de se connaître, de s’édifier peu à peu. Ces portes sont ouvertes 24h/24, certes mais elles fonctionnent comme un filtre, ne laissant « jamais entrer rien de souillé, ni faiseur d'abomination ou de mensonge, mais ceux-là seuls qui sont inscrits dans le livre de la vie de l'agneau. »(27)Les 12 anges qui sont sur les 12 portes y veillent. Les anges évoquent dans la Bible la prière, la réflexion devant Dieu. Là encore, il est bon d’être ouvert, mais pas de se laisser influencer par des sources d’horreurs ou de mensonge, nous dit Jean qui déjà, apparemment, connaissait les rafales de tentatives de manipulation que nous recevons, et qui touchent les enfants de plus en plus jeunes.

Quand même, ce filtrage à l’entrée n’est pas sectaire puisque la gloire des nations païennes et des rois venus des 4 coins de la terre peuvent entrer et apporter leur valeur ajoutée.

Telle est l’ouverture du juste sur l’autre, telle est aussi sa compassion, son ouverture à la souffrance de l’autre. Telle est l’ouverture qui nous permet de sortir explorer d’autres façons d’être, et revenir sans nécessairement les intégrer comme une nouvelle pierre à notre muraille, à notre personnalité.

L’intérieur de la ville est ensuite décrit par Jean :

2) La ville est en or pur comme du cristal transparent

L’image est surréaliste. L’or est la meilleure part de notre être (Job 23:10, 1Co 3:12) , qui enfin apparaît, libérée de son minerai brut par le feu du creuset. Cela montre bien quel est le jugement de Dieu : ce n’est pas une sélection que nous pourrions craindre, c’est un soin qui nous aide infiniment. Dieu a cet effet de purifier notre être, de nous débarrasser de nos travers, de nos impuretés, de nos blessures comme des scories. Il met en valeur l’or qui est en nous, et en même temps il nous fait cristal transparent. Cela laisse entendre une connaissance de nous-même, une unification de notre être, une paix intérieure forte et lumineuse. Dans l’espérance de Dieu, tout est ainsi en or transparent en nous : en particulier la place centrale de notre ville qui est notre lieu de délibération personnel interne, comme cette place en Appenzell où ont encore lieu les votations. Notre place centrale en or transparent, cela m’évoque un cœur qui aime, des points de vues qui se croisent, une intelligence qui travaille, des projets qui se forment et évoluent, un discernement et une capacité à décider personnellement.

3) Un ruissellement de bénédictions directes

Cette ville de notre être est enfin irriguée d’un fleuve, celui des bienfaits de Dieu. Cette eau, là encore, coule au milieu de la place centrale de notre être. Un arbre y pousse sur les deux bords du fleuve à la fois : cet arbre est rien de moins que l’arbre de vie éternelle du jardin d’Eden qui est là, en nous-même, source de guérison, de résilience pour tout ce qui peut être souffrant en nous.

Cela évoque Dieu en nous par son souffle, sans intermédiaire. Jean nous dit qu’il n’y a donc plus besoin de temple ni d’éclairage artificiel dans cette ville. C’est pourquoi Marcel Gauchet dit à juste titre que le christianisme est la religion de la sortie de la religion : son but est de nous réconcilier avec Dieu, de nous faire bénéficier de ses bienfaits en ligne directe. Tout : le culte et les sacrements, la prière et la Bible, la théologie n’ont d’autre finalité que de rapprocher chacun de son Dieu et qu’il puisse penser et prier par lui-même, bénéficier en direct des dons de Dieu, et devenir ainsi une personne en pleine forme, source de paix et de bénédictions.

Pour débattre sur cette proposition : c'est sur le blog.

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Textes Bibliques

Apocalypse 21 (extraits)

10L’ange me transporta, par l'Esprit, sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu. 11Elle avait la gloire de Dieu ; son éclat ressemblait à celui d'une pierre précieuse, une pierre précieuse polie transparente comme du cristal (j’y reconnais la jade).

12Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges. Les noms des douze tribus d’Israël y étaient inscrits, 13à l'est trois portes, au nord trois portes, au sud trois portes et à l'ouest trois portes. 14La muraille de la ville avait douze fondations ; elles portaient les douze noms des douze apôtres de l'agneau. 19Les fondations de la muraille de la ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses : jade, saphir, calcédoine, émeraude, sardonyx, sardoine, chrysolithe, béryl, topaze, chrysoprase, hyacinthe, améthyste. 21Les douze portes étaient douze perles ; chacune des portes était d'une seule perle. La place de la ville était d'or pur, comme du verre transparent.

22Je n'y vis pas de temple, car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, est son sanctuaire, ainsi que l'agneau. 23La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour y briller, car la gloire de Dieu l'éclaire, et sa lampe, c'est l'agneau.

24Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. 25Ses portes ne se fermeront jamais pendant le jour — or là il n'y aura pas de nuit. 27Il n'y entrera jamais rien de souillé, ni faiseur d'abomination ou de mensonge, mais ceux-là seuls qui sont inscrits dans le livre de la vie de l'agneau.

22:1L’ange me montra un fleuve d'eau de la vie, limpide comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l'agneau. 2Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, un arbre de vie produisant douze récoltes et donnant son fruit chaque mois. Les feuilles de l'arbre sont pour la guérison des nations.

3Il n'y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l'agneau sera dans la ville. Ses enfants lui rendront un culte ; 4ils verront son visage, et son nom sera sur leur front.