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Le dimanche des Rameaux, 2 avril 2023
culte eu temple de Cologny
prédication du pasteur Marc Pernot
Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui le suivaient, criaient : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
« Hosanna » fait partie des trois mots hébreux les plus essentiels connus même en français.
Nous avons :
Ce cheminement me semble être profond et vrai, utile et fécond. Il part de la décision de chercher à être dans la louange, il nourrit notre foi, et il s’ouvre à la prière du Hosanna disant notre soif que Dieu vienne encore maintenant faire avancer la vie.
C’est un cheminement très concret à vivre. C’est tout à fait applicable consciemment, volontairement. Il est bon de se donner cette chance, comme un exercice spirituel :
1) Cela commence par cet appel à la louange « Allélu-Yah », comment faire ? Ouvrir les yeux, analyser, scruter les occasions de se réjouir du monde, de notre monde, de ceux que nous rencontrons, et aussi de l’être que nous sommes. Pour nous aider : entendre ces psaumes nous traitant de « créature si merveilleuse » (Psaume 139:14), entendre Jésus nous dire : vous êtes « le sel de la terre & la lumière du monde » (Mat. 5), rien de moins.
2) S’en imprégner, cela prend un certain temps pour entrer dans cet émerveillement (sans s’arrêter pour l’instant à ce qui ne va pas). Passer ensuite de l’émerveillement face à cette réalité à la gratitude sur sa cause profonde, sur la source de la vie, oser l’appeler Dieu. Laisser se construire une confiance, une théologie, une foi en la bonté efficace de Dieu (Psaume 117). Cela se bâtit au jour le jour.
3) Ce travail de louange n’est pas pour autant une naïveté comme s’il n’existait que du merveilleux dans ce monde et en nous-même. C’est là que l’on passe de l’Alléluia à l’Hosanna « maintenant, Éternel, sauve, de grâce ». Nous avons ici un exercice spirituel : l’observation de notre réalité, l’émerveillement de ce qui est bon, en discerner la source, se placer face à cette source dans la louange et s’ouvrir personnellement à son action nouvelle, pour aujourd’hui et maintenant.
C’est à ce stade que sont arrivés les hommes et les femmes des Rameaux. Ils agitent des branches d'arbres poussant près des cours d'eau. Elles sont comme un Alléluia et une théologie : ces arbres ont eu de l’eau pour pousser et produire leurs fruits : comme tu as donné vie à ces arbres, ô Éternel, tu es depuis toujours la source de la vie. Hosanna, viens et sois source de vie encore ici et maintenant, source de bonne nouveauté, source de progrès décisifs, de problèmes dépassés, de printemps sur le bois sec de nos existences. Ce Hosanna est l’appel à une nouvelle Pâque ici et maintenant : une libération sur ce qui nous entrave quel qu’en soit le nom. C’est l’appel confiant qu’aujourd’hui, avec l’aide de Dieu, nous pourrons faire un pas vers la vie bonne et belle qui nous est promise par sa bonté et sa fidélité, même s’il faut pour cela qu’il fasse des miracles pour nous aider à franchir mers et déserts abominables.
Ce chemin c’est un émerveillement, c’est une louange à la source de nouveauté, c’est sentir que le monde n’est pas fini : que Dieu n’est pas à cours de ressources ni d’idées pour avancer. Hosanna « maintenant, Éternel, sauve, de grâce ». Maintenant, avec impatience.
Ce Hosanna est génial, car il oriente notre soif de nouveauté vers la source de nouveauté, c’est bien plus prometteur. Il réoriente notre soif de miracle vers celui qui est la source du miracle de la vie. Qu’il agisse, cela sera certainement pour le mieux.
Ce Hosanna comprend un Amen, une confiance.
C’est essentiel car comment avancer si l’on ne désire même pas avancer ? Ce chemin de lucidité et de louange creuse en nous cet Hosanna salutaire et cet Amen. Alors, tout est possible.
C’est la première étape. Le premier salut que le Christ a apporté aux personnes de cette foule. Dieu est là pour agir encore. La source de sa parole, de son souffle et de ses bénédictions n’est pas close. Ce Hosanna manifeste la fin d’une résignation.
Le Salut de Dieu vient, il est là : ils l’ont reconnu en cet homme qui s’avance.
Contrairement à ce que l’on entend parfois dire, quand Jésus s’avance dans Jérusalem monté sur un âne, cela n’a rien de humble. Dans cette culture l’âne est une monture royale, celle que les rois prenaient pour visiter leur peuple en temps de paix. La foule reconnaît ce signe royal, mais essayent néanmoins de convaincre Jésus d’agir en « fils de David », en roi guerrier, donc, terrassant ses ennemis. Ils encouragent Jésus, l’acclament, l’entourent, le poussent. Le voilà qui entre en Jérusalem... seulement, au lieu d’aller vers le palais du gouverneur pour prendre le pouvoir avec cette foule pour armée, Jésus se dirige vers le temple de Jérusalem pour y faire une tout autre révolution.
La foule a raison de voir en Jésus le salut de Dieu qui s’avance, leur prière qu’est ce cri « Hosanna » est juste et fidèle. Jésus exauce cette prière par son geste. Ou plus précisément, il en montre le chemin par lequel passe le salut qu’ils appellent. Ce chemin passe par la prière. Par la prière de chacun.
Eh quoi ? Le salut de Dieu ne s’occuperait donc que du spirituel ? Absolument pas. La bénédiction de Dieu, son action et son salut, s’occupent à la fois du ciel et de la terre, comme le dit Jésus dans sa prière : « Notre Père... que ta volonté doit faite sur la terre comme au ciel... ». Et effectivement, Jésus ne s’occupe pas seulement de la foi et de la théologie des personnes qu’il rencontre, il s’occupe aussi de la grippe de la belle-mère de Pierre, il s’occupe de la foule quand elle n’a rien à manger, il s’occupe de la fatigue de ses disciples pour les amener en vacances...
Alors pourquoi donc Jésus, acclamé comme roi-sauveur au cri de Hosanna répond-il par ce geste « seulement », geste qui consiste à mettre la prière au centre ? Pourquoi n’agit-il pas avec puissance comme un digne fils du Roi David, chassant les romains, devenant le roi d’une armée de disciples enthousiaste, prenant leur direction avec autorité en leur disant que faire, que penser, pour qui voter ? Précisément, c’est là qu’est la révolution. Le salut du monde ne vient pas à nous de l’extérieur, il passe par l’intérieur. Par notre intérieur. Par notre propre développement. Certes, Dieu est présent, nous dit Jésus, mais où demeure-t-il où est-il avec sa puissance de salut ? Dans quel lieu ? Il demeure dans cette maison que l’on appelle la prière, notre prière. C’est là que s’exauce notre Hosanna.
Le Psaume 1er l’exprime bien, il nous compare à un bon arbre fruitier, le salut de Dieu vient comme irriguer en profondeur cet arbre que nous sommes, de sorte que nous serons en forme, avec un bon feuillage et produisant notre fruit en notre temps. Le salut que Dieu apporte ne consiste pas à faire pleuvoir des pommes du haut des cieux (cela serait dangereux), le salut de Dieu ne consiste pas à accrocher des feuilles et des poires au bout de nos branches : les feuilles et les fruits imposés à notre arbre sècheraient et pourriraient très vite. Au contraire : le salut nous vient de l’intérieur, il nous vient des profondeurs, il respecte la nature de notre arbre, il la magnifie. Notre prière est la racine par laquelle nous puisons à la source de nouveauté de vie.
C’est ce qu’indique Jésus à cette foule de personnes ayant soif de salut. Il leur indique la façon dont cela vient : par la prière qui nous transformera, nous, en source de bonne nouveauté pour le monde, à notre mesure, à notre façon.
Quelques chapitres avant dans le même Évangile, Jésus réagit à l’espérance légitime de la foule d’avoir de quoi manger, de quoi se vêtir, et la santé : Jésus leur répond « Cherchez d’abord le règne et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous seront données en plus ». (Matthieu 6:33). Jésus ne dit pas que ces choses du corps ne sont pas importantes, bien sûr qu’elles le sont, mais il dit que l’action de Dieu passe par notre recherche spirituelle, et que nous produirons de bons fruits, en ce monde qui en a tant besoin. Le règne de Dieu est une irrigation de nos racines, sa justice est son souffle qui libère notre meilleure part.
C’est pourquoi Jésus n’est pas du tout dans la leçon morale comme peuvent l’être les idéologues de tout poil et de toute époque. Jésus se réjouit de nos Hosannas, et il nous oriente, nous qui avons soif de progrès, vers la prière, d’abord, nous serons surpris en bien de ce que nous aurons à cœur de faire et combien cela transformera le monde. En ce qui nous concerne, c’est par notre prière que passe le salut de Dieu pour ce monde. Ce n’est pas une prière cherchant à convaincre Dieu d’agir : il fait déjà tout ce qui est en son pouvoir et il le fait très bien sans que nous lui disions comment faire. Au contraire, notre prière exauce l’espérance de Dieu de nous voir porter nos fruits, qu’ils changeront le cours des choses.
Jésus lui-même ne fait pas autrement : après avoir dit cela il guérit alors aveugles et boiteux, il s’intéresse donc bien à la santé des personnes qu’il rencontre, à hauteur d’humain. C’était sa vocation, à ce moment, celle que lui a inspiré Dieu dans sa prière. À nous de voir nous-même avec Dieu ce que, nous, nous pourrons faire maintenant.
Alléluia, Hosanna et Amen.
Pour débattre sur cette proposition : c'est sur le blog.
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Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent près de Bethphagé, au mont des Oliviers, alors Jésus envoya deux disciples, 2leur disant : Allez au village qui est devant vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et un ânon avec elle ; détachez-les et amenez-les-moi. 3Si quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez : “Le Seigneur en a besoin”, et il les enverra aussitôt. 4Cela est arrivé pour que s’accomplisse ce qu’a dit le prophète : 5Dites à la fille de Sion : Voici que ton roi vient à toi, doux et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une bête de somme.
6Les disciples s’en allèrent et firent comme Jésus le leur avait dit, 7ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, placèrent leurs vêtements sur eux, et Jésus s’assit dessus. 8La grande foule étendit ses vêtements sur la route, d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. 9Les foules qui le précédaient et celles qui le suivaient, criaient : Hosanna au Fils de David ! Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux élevés !
10 Quand il entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi : Qui est-ce ? 11 les foules disaient : C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. 12Jésus entra dans le temple et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple, il renversa les tables des changeurs et les sièges des marchands de colombes. 13Il leur dit : Il a été écrit : Ma maison sera appelée maison de prière, mais vous en faites une caverne de bandits !
14Des aveugles et des boiteux s’approchèrent de lui dans le temple, et il les guérit. 15Voyant les choses étonnantes qu’il venait de faire et ces enfants qui criaient dans le temple : Hosanna au Fils de David ! les grands prêtres et les scribes furent indignés 16et ils lui dirent : Tu entends ce qu’ils disent ? Jésus leur dit : Oui ; n’avez-vous jamais lu ce texte : Par la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu t’es préparé une louange ?