( Ecclésiaste 1:1-9 ; Luc 1:26-38 ; Matthieu 1:1-25 )
(écouter l'enregistrement) (voir la vidéo ci-dessous)
Culte du jour de Noël 2008
prédication du pasteur Marc Pernot
Nous avons donc la liberté, évidemment, de penser ce que nous voulons de l’éventuel miracle dans la conception miraculeuse de Jésus, sur le plan historique. Mais sur le plan du sens théologique il serait vraiment dommage de balayer d'un sarcasme cette tradition chrétienne d'une conception virginale de Jésus. De deux choses l’une, soit le fait est historique et ce n’est alors pas pour rien que Dieu a pris la peine de faire ce miracle, c’est pour nous donner un signe du salut qu’il offre à tous. Et si le fait n’est pas historique, nous avons alors ici une des premières prédications chrétiennes sur l’Évangile du Christ, il s’agit alors d’une image pour évoquer une réalité théologique et spirituelle qui nous concerne directement. Dans les deux cas, cette histoire de conception miraculeuse gagne à être prise vraiment au sérieux. Les récits de Noël sont très précieux, ils nous montrent comment le salut de Dieu nous concerne, comment Christ arrive dans notre propre vie, à chacun de nous, dans notre histoire, dans notre monde.
Regardons comment Matthieu nous présente la venue du Christ dans le monde. La première chose remarquable est qu'il ne commence pas son récit par la conception virginale, mais par une généalogie du Christ. Elle montre que cette réalité nouvelle qu’est le Christ n'apparaît pas à partir de rien, mais qu'elle est le fruit de l'intervention de Dieu dans l’histoire humaine. Si l'on regarde les gens qui constituent cette généalogie, nous voyons qu'il y a de tout. Il y a le meilleur, le moyen et le pire, comme dans nos existences. Il y a des hommes comme Abraham qui sont connus pour leur confiance en Dieu, il y a aussi les rois descendant de Salomon qui n'ont pas cessé d’oublier Dieu et de faire souffrir leur peuple. Il y a des gens qui se sont plutôt bien comportés, mais aussi de la prostitution, des adultères et des incestes... C'est dans cette pâte humaine, bien humaine, que naît le Christ. Cela montre d'abord qu’aucune imperfection morale ou religieuse n'est un obstacle à la venue du Christ dans notre propre histoire. Et cela montre aussi que le Christ ne naît pas de la perfection humaine, mais que c'est un acte de Dieu pour sauver le pécheur que nous sommes. Notre propre histoire est faite aussi d'un mélange du meilleur et du pire dans les générations qui nous ont précédées et dans notre propre vie. Sachons que cela n'est pas un obstacle à l'amour de Dieu, ni à sa venue dans notre existence pour nous donner la vie et le bonheur. Cela ne veut pas dire que nous pouvons joyeusement continuer à faire n’importe quoi, au contraire, cela signifie qu'avec Dieu nous ne sommes pas prisonniers de notre passé et qu’enfin nous allons pouvoir avancer en Christ, quelque chose de vraiment vivant et bon peut enfin arriver dans notre vie. C'est la première chose que dit ce récit, et c'est déjà « l’évangile », une « la bonne nouvelle ».
La seconde chose que nous dit ce texte, c'est que même ce qu’il y a de meilleur en nous ne suffit pas à sauver notre vie. En effet, la conception du Christ est de l'ordre de la surprise, c'est un acte de Dieu, quelque chose d'inattendu et de miraculeux. L’Évangile nous montre que le Christ est à la fois le fruit de cette histoire humaine, et d'une rupture dans celle-ci. C'est un des sens important de ce récit de la conception miraculeuse de Jésus.
L'histoire humaine se répète, comme le remarque l’Ecclésiaste, nous avons l’impression « qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». Et dans un sens, c’est vrai. Sans intervention extérieure, il n'y a pas de raison pour que naisse une dimension nouvelle qui nous élèverait au-dessus du niveau moyen de l’humanité ordinaire. Mais Dieu, nous dit l’Évangile, et c’est un fait d’expérience, Dieu intervient dans l’histoire humaine pour créer un supplément d'être. Il le fait par amour et en respectant notre liberté. C'est comme cela que le Christ est vraiment né dans l'histoire de l'humanité, il y a 2000 ans environs, au Moyen-Orient. Et là, oui, il y a eu quelque chose de nouveau sous le soleil.
Ce qui est vrai pour l'histoire est également vrai pour nous-mêmes. L'accomplissement de notre existence se fait quand notre dimension humaine est habitée, transformée, fécondée par une dimension divine. Ce qui est impossible à nos yeux, impossible à nos seules forces humaines est réalisé par Dieu en nous, et c’est effectivement un miracle.
Il est difficile de parler de cette transformation avec des mots de la vie de tous les jours. C'est pourquoi Jésus utilise des images pour en parler : il nous dit que nous pouvons devenir « enfant de Dieu », que nous pouvons « naître de nouveau » ou « naître d’en haut » ou « naître de l'Esprit de Dieu ». Tout cela nous annonce que notre naissance, notre conception, notre engendrement doit faire partie de notre quotidien, et que cette naissance est à l'image de celle du Christ, le fils de Dieu par excellence.
Cette vie nouvelle ne peut naître dans notre existence qu'à l'exemple de la naissance du Christ : il faut que Dieu vienne féconder notre dimension humaine pour qu'il en naisse quelque chose de bon et d'éternel. Notre dimension biologique est bonne, mais elle est évidemment limitée en durée et en qualité. Dieu arrive dans notre propre histoire comme une dimension extérieure qui nous féconde et qui permet de faire naître et grandir en nous une réalité qui dépasse le simple niveau biologique et psychique. Exactement comme dans cette histoire incroyable de l’Évangile selon Luc l’Esprit de Dieu met de la vie dans le corps de Marie. Cette histoire incroyable est aujourd’hui pour nous une expérience que nous faisons, Dieu vient féconder notre humble existence, toute pécheresse et limitée soit-elle. Cette vie que Dieu donne ainsi, ou plutôt cette qualité de vie est la vie par excellence, la vie de celui qui a été manifestée en Christ, le fils de Dieu. Il a pourtant été conçu et il a grandi dans un corps simplement humain, dans une histoire humaine. La piété chrétienne à cet égard ne s'est pas trompée en faisant de Marie l’image même du croyant.
Pour prendre la mesure du sens de ce texte, il faut prendre un peu de recul car, bien entendu, il y a peu de chance que la vocation que Dieu nous adresse soit de concevoir miraculeusement un bébé, surtout à nous, les humains de sexe masculin, qui sommes bien mal équipés pour ce genre de vocation. Mais comme Marie, l'Esprit nous appelle certainement à donner naissance à une vie nouvelle qui dépasse la matière et la mort, qui dépasse notre histoire passée et présente.
La fécondité humaine nécessite deux réalités différentes, l’union d’un principe masculin et d’un principe féminin. S’il manque un des deux sexes, on a toutes les chances d'être stérile. Ici, pour que Jésus puisse prendre vie en Marie, le 1er principe est humain et le 2nd principe est divin, nous disent les Évangiles selon Luc et Matthieu. C’est cette interaction entre la réalité humaine et la réalité divine qui est à l’origine de la conception de cet être nouveau qu’est Jésus, qui est ainsi à la fois fils de Dieu et fils de l'homme.
Notre existence est ainsi faite pour être fécondée par l’interaction permanente entre la dimension spirituelle qui vient de Dieu et nos dimensions biologique, intellectuelle, sociale, artistique ou matérielle qui nous viennent de l’homme. C’est de cette union que naît quelque chose qui est source de salut pour nous et pour ceux qui nous entourent, quelque chose qui porte la vie éternelle, quelque chose qui peut aimer même unilatéralement, quelque chose qui peut espérer au-delà de tout espoir, quelque chose qui peut être d‘une fidélité à toute épreuve, quelque chose qui vit et qui ressuscite…
Une vie qui ne s’intéresserait qu’à la dimension matérielle serait stérile. Cette vie purement terrestre chercherait à se sauver d’une manière touchante mais un peu ridicule, tentant d’oublier le vieillissement inexorable de notre corps, ou peut-être en se réfugiant dans l'activisme, ou dans la possession matérielle, se donnant ainsi une illusoire impression de valeur personnelle. Cette attitude est à la fois stérile et frustrante. Dieu ne punit pas de mort une telle existence, bien entendu, Dieu a plus de compassion encore face à une telle misère.
À l’autre extrême, les religions et les philosophies niant la véritable dignité du principe matériel de notre personne conduisent également, à mon avis, à une vie stérile, paradoxalement, une vie mutilée, se réfugiant dans la contemplation pure alors que le Christ nous appelle à vivre dans le monde en aimant Dieu, bien entendu, et de tout notre être, mais également en aimant notre prochain comme le Christ nous a aimé.
Marie est l’exemple même du croyant, elle accepte de se laisser féconder par l'Esprit de Dieu : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon sa Parole ».
Cette image de la fécondation sexuelle pour parler de ce que Dieu nous apporte, cela peut sembler un peu trivial. Mais là encore, cela montre l’immense valeur de notre dimension animale, biologique, puisque la procréation physique est digne de servir d’image pour rendre compte du salut de Dieu, ce salut ultime qu’il nous donne en Christ ! Cette façon d’évoquer le salut de Dieu se retrouve tout au long de la Bible, où il est souvent question de l'humanité comme d'une femme qui doit coucher avec l'époux qu'est Dieu et se laisser féconder par lui (Ésaïe 54:1-5, 2 Corinthiens 11:2...). C'est le sens aussi du livre du Cantique des Cantiques et c’est pourquoi ce poème amoureux a trouvé place dans la Bible. C'est le sens de l'Évangile quand le Christ nous invite à être comme des vierges qui se préparent à accueillir l'époux, ou quand il compare la Parole de Dieu à une semence qui doit féconder notre existence.
Cette image est un peu osée (et courante aussi dans la bouche du prophète Osée) mais elle est une bien meilleure image de l’alliance entre Dieu et l’homme que celle de deux rois ou d’un roi et son peuple. En effet, la relation de l'homme et de la femme est normalement basée sur l'amour, sur un choix tout à fait subjectif de chacun des époux. Or, c'est par amour que Dieu nous a ainsi choisi, personnellement, individuellement. Cette alliance du couple rappelle ainsi la grâce de ce Dieu qui nous aime en dépit de tout et qui nous reste fidèle pour toujours, souvent comme un amoureux transi, déçu, mais toujours aimant.
Et dans cet amour, chacun se fait par humilité le serviteur de l’autre, comme nous le voyons dans le récit de Luc. Dieu dit son amour à Marie et lui promet de l’accompagner où elle voudra aller.
Nous pouvons refuser son amour, mais nous pouvons aussi accepter, comme Marie, que notre existence soit fécondée par Dieu. Ce n’est pas évidemment pas un viol, et notre personnalité n’est pas du tout niée dans cette union. Comme un enfant tient à la fois de ses deux parents, l'action de Dieu dans notre vie ne remplace pas notre personnalité, elle la féconde. Et ce nous-mêmes qui naîtra de cette union est effectivement un être nouveau, mais c'est en même temps la chair de notre chair, il tient de nous-même et il a reçu de Dieu quelque chose de vraiment neuf. Quelque chose que nous n'aurions jamais pu devenir par nous-mêmes.
C'est ce que nous dit l’Évangile selon Luc dans ce récit : tandis que Jésus parlait, une femme, éleva la voix dans la foule, et lui dit : « Heureux le ventre qui t'a porté! Heureux les seins qui t'ont allaité! » Jésus répondit : « Heureux, encore plus, ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11:28)
Ce bonheur, c'est la joie de Noël.
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Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.
2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.
3 Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil?
4 Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours.
5 Le soleil se lève, le soleil se couche; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau.
6 Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits.
7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est point remplie; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent.
8 Toutes choses sont en travail au-delà de ce qu’on peut dire; l’oeil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre.
9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil..
Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27 auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.
28 L’ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi.
29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.
30 L’ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.
31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.
32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin.
34 Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme?
35 L’ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.
36 Voici, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.
37 Car rien n’est impossible à Dieu.
38 Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole! Et l’ange la quitta..
Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.
2 Abraham engendra Isaac; Isaac engendra Jacob; Jacob engendra Juda et ses frères;
3 Juda engendra de Thamar Pérets et Zara; Pérets engendra Esrom; Esrom engendra Aram;
4 Aram engendra Aminadab; Aminadab engendra Naasson; Naasson engendra Salmon;
5 Salmon engendra Boaz de Rahab; Boaz engendra Obed de Ruth;
6 Obed engendra Isaï; Isaï engendra David. Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie;
7 Salomon engendra Roboam; Roboam engendra Abia; Abia engendra Asa;
8 Asa engendra Josaphat; Josaphat engendra Joram; Joram engendra Ozias;
9 Ozias engendra Joatham; Joatham engendra Achaz; Achaz engendra Ezéchias;
10 Ezéchias engendra Manassé; Manassé engendra Amon; Amon engendra Josias;
11 Josias engendra Jéconias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.
12 Après la déportation à Babylone, Jéconias engendra Salathiel; Salathiel engendra Zorobabel;
13 Zorobabel engendra Abiud; Abiud engendra Eliakim; Eliakim engendra Azor;
14 Azor engendra Sadok; Sadok engendra Achim; Achim engendra Eliud;
15 Eliud engendra Eléazar; Eléazar engendra Matthan; Matthan engendra Jacob;
16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
17 Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.
18 Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint-Esprit. Avant qu’ils aient habité ensemble.
19 Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.
20 Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit;
21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
22 Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète:
23 Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.
24 Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.
25 Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle ait enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.