(Psaume 133 , 1 Corinthiens 12:31-14:1 )
(écouter l'enregistrement) (voir la vidéo ci-dessous)
Culte du 3 août 2008
prédication du pasteur Marc Pernot
Pour ce mois d’août, je vous propose de suivre quelques psaumes. Pour commencer j’ai choisi le Psaume 133, même si en première lecture il est assez incompréhensible, car il nous montre ce qui rend la vie ici-bas agréable et bonne. Voilà qui fait du bien après l'image de la vie que nous donne trop souvent les médias : une vie pas toujours bien belle avec un avenir chargé de menaces terribles. Pourtant, à l’époque de ce psaume, y a 3000 ans, les nouvelles étaient bien pires que maintenant, la violence et la maladie, les conditions de vie étaient mille fois pires, les pauvres encore démunis, et la foi en Dieu n'était pas plus répandue, ni les idoles moins à la mode.
Alors penchons nous ce matin sur ce petit psaume qui dit comment la vie est bonne, douce et agréable.
Ce psaume peut sembler à un lecteur moderne un peu énigmatique avec un drôle de petit catalogue d'images hétéroclites. Quelle rapport y a-t-il entre l'huile versée sur la tête, la barbe d’Aaron, les franges du manteau, la rosée qui coule d'une montagne sur une autre... Qu’est-ce que cela veut dire ?
Si ce psaume est difficile à comprendre pour nous, c’est que nous ne connaissons plus si bien la Bible que les gens de l’époque, et que par conséquent, bien des images qui étaient évidentes ne le sont plus forcément pour nous.
Première image : l’union fraternelle est comme l’huile qui est versée sur notre tête. Cela fait penser au baptême d'huile que recevaient les prophètes, les prêtres et les rois. Cette onction est d'abord le signe de l'amour de Dieu, comme le baptême chrétien pour nous, et le geste de bénédiction. Cette onction était également le signe d'une mission que Dieu confie à une personne pour faire du bien sur terre.
C'est normal que l'amour de Dieu et le service des autres soient ainsi associés. Ce n’est pas du chantage de la part de Dieu ou de ceux qui nous aiment, bien entendu. Mais c’est tout naturel. Quand on a beaucoup reçu de ceux qui nous aiment nous sommes capables d’apporter beaucoup à notre tour, et si nous prenons conscience que nous avons été aimé nous pouvons avoir l’envie d’aimer et d’apporter des choses aux gens. Nous ainsi une capacité à aimer, nous avons quelques talents, nous avons un peu de foi… nous avons à donner bien plus que nous l’imaginons.
Cette circulation du don qu’évoque l’huile dans la Bible est une des clefs d'une vie agréable et bonne.
Le mot christ veut dire « celui qui a reçu l'onction d'huile ». En fait, nous dit la Bible, Jésus n'a pas physiquement reçu une onction d’huile, qu'importe, il s'agit d'une façon de parler. Il a été pleinement béni par Dieu et Dieu lui a confié une mission fondamentale pour l’humanité.
L'onction d'huile est un symbole que l'on comprend facilement quand on pense à tous les usages de l’huile dans une civilisation méditerranéenne :
Notre vie spirituelle est nourrie par la présence de Dieu, notre foi, notre espérance et notre amour, comme le dit Paul, sont ainsi nourris par Dieu, d’abord par du lait, puis progressivement par des nourritures accompagnant notre croissance.
" L'amitié entre des frères et sœurs qui sont unis est comme l'huile sainte qui coule sur la tête”.
Le Psaume nous dit ainsi que la bonne entente avec notre prochain est comme une bénédiction de Dieu sur nos vies. Vivre en union avec notre prochain, c'est une source de lumière, de nourriture et de vie dans nos existences. Le Psaume montre que c’est comme la bénédiction, cela vient de Dieu, que c'est lui qui nous donne de vivre en paix tous ensemble.
C’est bon de l’entendre, cela nous libère d’un poids. Oui, nous avons souvent du mal à bien nous entendre avec nos frères et sœurs et nos voisins. C’est dur pour tout le monde, pas seulement pour nous. Mais voilà, cette union fraternelle est comme la bénédiction de Dieu, c’est un don à recevoir, comme un miracle à attendre de Dieu.
L’enjeu est formidable, bien plus que simplement d’être tranquille, le Psaume termine en disant que c'est là, dans cette union fraternelle, que nous recevons la bénédiction de Dieu, que nous recevons sa vie, son Esprit et sa Parole.
Comment est-ce qu’une simple bonne entente entre nous peut avoir des conséquences divines ? C’est qu’aimer, c’est d’abord aller chercher et reconnaître ce qui existe de bon dans la personne que nous avons à nos côtés. Cela rend certes la vie plus agréable et plus belle d’avoir ce regard bienveillant, mais cela nous donne aussi l’occasion d’être extraordinairement enrichi. Cet autre qui est à nos côtés est lui aussi, même s’il l’ignore, un enfant de Dieu, qui a reçu, bon gré mal gré une certaine bénédiction de Dieu et donc une capacité à apporter un peu la vie. Dénicher cette qualité d’être divine ou christique dans l’autre nous met en contact le dynamisme créateur de Dieu lui-même. C’est ce que dit Paul quand il nous encourage à exercer l’hospitalité, car en le faisant nous avons des chances d’héberger un ange ! (Héb. 13:2) Bien sûr. Ces anges sont les personnes qui sont à nos côtés, ou plutôt elles sont par certains côtés plus ou moins enfouis des anges capables de miracles.
La haine, l'égoïsme, la colère, l'isolement sont des poisons qui nous font souffrir et qui nous tuent. Ce n'est pas que Dieu cesserait de nous aimer pour autant, bien sûr que non. Mais quand nous sommes fermés aux autres nous sommes en même temps fermés à bien des capacités d’action de Dieu pour nous. Nous avons besoin de ce quelque chose de miraculeux qui nous vient de Dieu, en ligne directe, certes, mais aussi par les autres, par ces anges qui sont à nos côtés.
Il peut y avoir dans la vie humaine comme un cercle vicieux. Moins nous aimons nos frères, moins nous laissons Dieu nous donner la foi, l’espérance et l’amour, et donc moins nous aimerons encore os frères... Il est souvent possible de réagir pour rompre ce cercle vicieux, on peut délibérément choisir de s'ouvrir à la bénédiction de Dieu et à l'entente fraternelle, on peut délibérément nourrir sa capacité à aimer en prenant conscience de l’amour dont nous avons été aimé, ce que nous avons reçu, ce qui est bon, agréable et beau. Le cercle peut devenir alors vertueux plutôt que vicieux, nous donnant de grandir dans ces domaines essentiels.
Cette huile de bénédiction, nous dit le Psaume, ruisselle de la tête jusqu’à la barbe. En hébreu le mot tête signifie également le commencement et la jeunesse. Et le mot barbe signifie également la vieillesse. Nous pouvons donc dire que l'amour fraternel et la bénédiction de Dieu sont dans notre vie comme une source qui arrose notre vie tout entière.
La question n’est donc pas uniquement celle de la vie dans l’au-delà, mais d’abord la vie dans ce temps qui se situe entre la naissance et la vieillesse. Ce Psaume 133 est pourtant un des quelques rares textes de l’Ancien Testament qui affirme que la vie qui vient de Dieu dure « pour toujours ». Mais, comme dans l’Évangile du Christ, la question n’est pas tellement aujourd’hui celle de la vie future, nous verrons bien cela plus tard, mais aujourd’hui ce qu’apporte Dieu et ce qu’apporte l’union fraternelle c’est une vie bonne en ce monde, de l’enfance à la vieillesse, une vie de qualité. Ce n’est pas une vague promesse, c'est un fait d’expérience. Nous sommes nourris, illuminés, construits par tout moment de relation vraie avec Dieu et avec notre prochain. Il peut quand même nous arriver des catastrophes, jamais la foi n’a immunisé contre les aléas de la vie, mais par l’amour la vie humaine prend une dimension supérieure qui rend la vie belle et bonne de toute façon.
En regardant de plus près notre texte, il y a en fait 2 barbes, la 2nde étant la barbe d’Aaron. Aaron était le grand prêtre d’Israël, il est le symbole même de l'homme dans sa relation avec Dieu.
L’union fraternelle et la bénédiction de Dieu sont comme une huile qui dégouline sur la barbe d’Aaron. Cela veut dire que la bénédiction donne sens à la religion et non l’inverse. Il a parfois été dit, malheureusement : « soyez bien religieux et alors Dieu vous bénira ». Mais ici, c'est l'inverse : Dieu nous bénit d'abord, et c'est cette bénédiction qui rend utile et bonne notre pratique religieuse.
Là aussi, nous sommes parfois dans un cercle vicieux. Nous avons du mal à prier quand nous sommes pleins de rancœurs, quand nous bouillons de colère et de frustration. Et pourtant c’est l’aide de Dieu qui nous est alors indispensable pour nous donner la force d’avancer. Là encore, ce cercle vicieux peut être rompu, on peut aller vers son frère pour tenter quelque chose, on peut prier malgré tout, même si l’on n’en a pas envie, même si l’on ne l’a jamais fait, simplement espérer que Dieu nous donnera un peu de paix, un peu de bonnes intentions pour notre adversaire. Cela est indispensable à notre vie spirituelle et pour cette précieuse union fraternelle.
À l'inverse, quand nous avons eu un moment de réelle amitié, nous sommes en forme et cela nous met dans une bonne disposition pour nous tourner vers Dieu et pour recevoir sa bénédiction, il est alors bon de profiter de cette bonne forme pour nourrir sa foi avec Dieu, nourrir sa capacité à espérer et à aimer.
L’huile de bénédiction coule ensuite jusqu’au « bord du vêtement » d’Aaron. Ce vêtement était bordé de franges rituelles, les tsitsith qui évoquent la multitude de bonnes œuvres que le croyant est appelé à faire.
Là encore, ce Psaume inverse la logique courante, en disant que ce ne sont donc pas les bonnes œuvres qui rendent la vie belle ou qui nous font obtenir la bénédiction de Dieu, ce ne sont pas les bonnes œuvres qui pacifieront notre cœur. C’est l’inverse. C’est par la foi, par la bénédiction reçue dans une vie unie avec nos frères et sœurs que nous pouvons faire vraiment du bon travail en ce monde, un travail béni, utile. C’est aussi ce que dit Paul, même si nous accomplissions les œuvres humanitaires les plus héroïques, sans amour, cela ne sert absolument à rien, cela risque même d’être néfaste.
Après l'huile, c'est de la rosée qui se met à couler. Dans ces pays secs, la rosée est comme un miracle incroyable, venu d'on ne sait où. Pour les religieux de l'époque, la montagne de Sion et son temple étaient symbole même de la religion. Dieu était censé résider et bénir à Sion. Normalement, la rosée devrait être décrite comme ayant sa source à Sion et irriguant tout le territoire, comme dans d’autres textes de la Bible (Ps 104, Ez 47, Zach 14). Mais dans ce Psaume, c'est l'inverse. La rosée vient de l’Hermon, c'est-à-dire de la frontière extrême d’Israël, du côté de ses pires ennemis. Nous croyons ici entendre le Christ quand il nous dit qu'il est capital d'aimer nos ennemis, de bénir ceux qui nous font du mal, et de prier pour ceux qui nous maudissent. Jésus nous le conseille car c'est bon pour le monde et c'est bon pour notre développement personnel. Le Psaume nous montre que la rosée reçue sur l'Hermon va fertiliser la montagne de Sion, c'est-à-dire que notre bonne entente avec notre pire ennemi conditionne notre relation à Dieu dans ce qu'elle a de plus intime.
L’essentiel reste la montagne de Sion, c'est le but de la rosée. L'essentiel, c'est bien la foi, la présence de Dieu dans l’intimité de notre être, sa bénédiction qui nous transforme, qui nous donne la vie et la qualité de vie. L'essentiel est cette dynamique de Dieu, ce quelque chose d’infiniment intime qui se joue entre lui et nous. Mais l’ouverture à cette grâce passe souvent par l’ouverture aux autres. Même notre ennemi est indispensable à notre vie spirituelle !
Vous pouvez réagir en envoyant un mail au pasteur Marc Pernot.
Cantique des degrés. De David.
Voici, oh! qu’il est agréable,
qu’il est doux
Pour des frères
de demeurer ensemble!
2 C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête,
Descend sur la barbe,
sur la barbe d’Aaron,
Qui descend sur le bord
de ses vêtements.
3 C’est comme la rosée de l’Hermon,
Qui descend sur les montagnes de Sion;
Car c’est là que l’Eternel
envoie la bénédiction,
La vie, pour l’éternité.
Aspirez aux dons les meilleurs.
Et je vais encore vous montrer une voie par excellence.
1 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.
2 Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien.
3 Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert à rien.
4 L’amour est patient, il est plein de bonté; l’amour n’est point envieux; l’amour ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil,
5 il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point sont intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le mal,
6 il ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité;
7 il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.
8 L’amour ne meurt jamais.
Les prophéties seront abolies, les langues cesseront, la connaissance sera abolie.
9 Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie,
10 mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli.
11 Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j’ai mis de côté ce qui était de l’enfant.
12 Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.
13 Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l’espérance, l’amour; mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour.
1 Poursuivez l’amour.