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Culte au temple de Vandœuvres,
le Vendredi Saint 18 avril 2025,
prédication du pasteur Marc Pernot
Une funeste erreur de traduction, due à la différence de culture entre les Hébreux et les Grecs, une simple erreur de traduction est à la base d’un malentendu sur le salut que le Christ nous a apporté.
Dans nos traductions des évangiles, il est écrit : « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (Marc 10:45)
Ce verset est essentiel car il concentre le sens même de la mission du Christ (LE Fils de l’homme) pour sauver la multitude des individus.
Le Christ « est venu pour servir » : c’est donc le premier point, essentiel, et voici le second : « pour donner sa vie en rançon pour une multitude . » C’est là que cela devient délicat. Cette traduction du grec vers le français « donner sa vie en rançon » est effectivement exacte littéralement, car le mot grec λύτρον utilisé ici signifie effectivement en grec le prix du rachat d’un esclave dans la société grecque. C’était la coutume grecque : pour devenir libre, l’esclave devait arriver à payer une somme supérieure à sa valeur marchande. C’était très différent dans la société hébraïque : l’esclave hébreu était automatiquement affranchi au bout de 6 ans de travail, sans rien payer, nous dit la Bible (Exode 21:2). C’est aussi le cas quand l’Éternel affranchit les Hébreux de leur esclavage en Égypte : c’est « par grâce » nous dit la Bible, sans rien payer, ni à Dieu, ni au pharaon qui tenait les hébreux en esclavage. Affranchir, dans ce contexte, c’est libérer, c’est faire grâce, ce n’est pas payer une rançon.
Par conséquent, plutôt que « donner sa vie en rançon », nous pouvons comprendre « donner sa vie pour libérer » la personne humaine. Servir et libérer par grâce, tels sont les deux grandes missions du Christ. Libérer de quoi ? De nos chaînes intérieures, du péché, de la mort, de la peur de Dieu, de l’aliénation, du carcan des religions… C’est en nous que Dieu va opérer cette libération.
Imaginer que Dieu aurait eu besoin du versement comme rançon de la souffrance et de la mort de Jésus est donc une régression par rapport à la théologie du livre de l’Exode. La Pâque juive célèbre depuis toujours le fait que Dieu affranchit son peuple par grâce, parce qu’il aime nous voir libres, en marche et rayonnants. Telle est la justice de Dieu : elle consiste à nous venir en aide, même quand nous sommes pécheurs. Telle est la justice de Dieu : ce n’est rien d’autre que son amour pour nous, comme un père ou une mère pour son enfant.
Imaginer que Dieu prendrait plaisir à la souffrance du coupable pour prix de sa faute est déjà une négation de cette justice de Dieu. Comme si cela ne suffisait pas, il a été imaginé que la souffrance et la mort d’un innocent, Jésus, satisferait grandement la justice de Dieu. Cette théorie abracadabrante rend un tel Dieu absolument effrayant, il ressemble plus au Dieu Moloch (Lévitique 18:21) ou au Dieu des Aztèques, assoiffés du sang des victimes immolées, si possibles fraîches et innocentes. Au contraire, l’idée même de sacrifice humain est absolument écartée avec horreur par la Bible, ainsi que la souffrance de l’innocent.
Il n’est donc pas imaginable que Jésus ait été sacrifié par Dieu pour racheter nos fautes et satisfaire à une certaine idée de justice. Mais alors, comment comprendre la Croix ?
La première raison d’être ce ces récits de la mort de Jésus en croix est que c’est ainsi que c’est arrivé historiquement, que cela a été un coup de tonnerre terrible dans la vie des disciples de Jésus.
Nous avons entendu cette parabole où Jésus lui-même dit que ce n’était pas la volonté de Dieu que son Fils meure, que son espérance était bien sûr que ses prophètes soient écoutés, et encore plus l’appel du Christ : que les gens comprennent enfin que Dieu espère des fruits de bonté et de justice, des progrès spirituels et moraux, du bonheur, de la paix. Au lieu de cela, ses prophètes ont été souvent maltraités. C’est un rude boulot d’être lanceur d’alerte. Il est poignant d’entendre Jésus raconter cette parabole : ce sont les paroles d’un homme qui sait les risques qu’il prend, comme les paroles d’un Martin-Luther King, d’un Guy Môquet, d’un Alexeï Navalny, ou le geste de l'homme debout devant les chars de Tiananmen... Chacune de ces circonstances est extraordinaire et en même temps fréquente, malheureusement, tant le despotisme est une maladie chronique de notre humanité.
Selon Jésus lui-même, sa mort n’est absolument pas la volonté de Dieu, elle est un scandale pour lui et si Dieu était comme bien des humains, l’exécution de son fils ne pourrait que déclencher sa fureur. Comme, objectivement, ce n’est pas arrivé, cela montre que Dieu n’est pas un Dieu de vengeance, mais un Dieu qui aime et prend soin même de ses ennemis.
Cet amour unilatéral de Dieu se manifeste tout au long de la parabole de Jésus et c’est inspirant pour nous :
L’amour de Dieu est d’abord premier : nous sommes personnellement ce bon plan de vigne que Dieu a du bonheur à voir exister en ce monde.
L’amour de Dieu est dans chaque mot de cette parabole de Jésus : Dieu nous entoure de sa grâce comme d’une clôture qui nous protège des sangliers, de ce qui pourrait nous démolir. Il nous donne un pressoir qui est une image de notre capacité à aimer : à recueillir la moindre bonne goutte de ce qui est bon dans la vie en ce monde et dans ceux que nous croisons. Et il nous donne une tour comme une capacité d’élévation nous permettant de voir loin, en avance.
L’amour de Dieu est ensuite pardon et patience : quand nous ne portons pas de fruits de bonté et de justice, il ne réagit pas par la destruction mais en redoublant de présence auprès de nous, d’appel, et d’amour. C’est cet amour qui se manifeste en Christ, par sa vie et ses paroles. C’est un amour qui s’engage à fond, encore et encore.
Les intégristes de l’époque se sentent concernés par cette parabole de Jésus, mais au lieu de la comprendre comme une main tendue, ils fulminent et cherchent à éliminer Jésus. C’est aussi crétin que de casser le baromètre en espérant que cela fera venir le beau temps.
La croix est la manifestation de cet amour de Dieu. Le geste de Jésus dit que, contrairement à ce que nous disaient notre propre culpabilité et les intégristes : Dieu nous est et nous sera toujours favorable, envers et contre tout.
Chacun des dons de Dieu évoqués ici par Jésus sont à méditer pour bénéficier des services offerts par Dieu. Et là, ce n’est plus seulement de la théologie, c’est une pratique quotidienne pour s’exercer à les saisir, à en vivre. C’est aussi une inspiration pour vivre en essayant d’apporter aux autres de ce meilleur, manifesté par le Christ jusque sur la croix.
L’apôtre Paul comprend aussi la croix du Christ comme manifestant l’amour de Dieu pour nous. Avant cela, bien des personnes avaient particulièrement peur du jugement de Dieu. C’était avec crainte que l’on se tournait vers lui dans l’espérance d’améliorer notre dossier auprès de ses services. Mais l’amour de Dieu manifesté par Jésus change tout, il nous réconcilie avec Dieu, nous qui avions oublié Dieu, qui l’avions négligé ou craint.
Dieu, lui, n’a jamais eu besoin de se réconcilier avec personne. Il aime et a toujours tout fait pour nous sauver, et il fera toujours tout pour nous aider.
Mais comment faire entendre une personne qui ne veut pas écouter, comment faire voir clair à une personne qui garde les yeux fermés ?
La question clef est donc de réconcilier l’individu avec son Dieu, parce qu’une fois réconcilié avec Dieu tout est gagné nous dit Paul, Dieu pourra nous soigner et nous aider efficacement dans notre évolution. Nous et ceux qui nous sont chers.
Amen.
Pour débattre sur cette proposition : c'est sur le blog.
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Jésus se mit à leur parler en paraboles. « Un homme a planté une vigne, l'a entourée d'une clôture, il a creusé une cuve et bâti une tour ; puis il l'a donnée en fermage à des vignerons et il est parti. 2 « Le moment venu, il a envoyé un serviteur aux vignerons pour recevoir d'eux sa part des fruits de la vigne. 3Les vignerons l'ont saisi, roué de coups et renvoyé les mains vides. 4Il leur a envoyé encore un autre serviteur ; celui-là aussi, ils l'ont frappé à la tête et insulté. 5Il en a envoyé un autre – celui-là ils l'ont tué –, puis beaucoup d'autres : ils ont roué de coups les uns et tué les autres. 6Il ne lui restait plus que son fils bien-aimé. Il l'a envoyé en dernier vers eux en disant : “Ils respecteront mon fils.” 7Mais ces vignerons se sont dit entre eux : “C'est l'héritier. Venez ! Tuons-le, et nous aurons l'héritage.” 8Ils l'ont saisi, tué et jeté hors de la vigne. 9Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, il fera périr les vignerons et confiera la vigne à d'autres. 10N'avez-vous pas lu ce passage de l'Ecriture : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs, c'est elle qui est devenue la pierre angulaire. 11C'est là l'œuvre du Seigneur : quelle merveille à nos yeux ! » 12Ils cherchaient à l'arrêter, mais ils eurent peur de la foule. Ils avaient bien compris que c'était pour eux qu'il avait dit cette parabole. Et le laissant, ils s'en allèrent.
6Alors que nous étions encore sans force, Christ, à ce moment, est mort pour des impies. 7C'est à peine si quelqu'un donnerait sa vie pour un juste ; peut-être pour un homme de bien accepterait-on de mourir. 8Mais en ceci Dieu prouve son amour envers nous : Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. 9Et puisque maintenant nous avons été justifiés par son sang, à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère. 10Si en effet, quand nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison, réconciliés, nous serons sauvés par sa vie. 11Bien plus, nous mettons notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ par qui, maintenant, nous avons reçu la réconciliation.