signature marcpernot.net

Pâques, c’est de l’hébreu pour nous : Hosanna, Alléluia, Amen.

(Jean 20 ; Marc 11 ; Apocalypse 19 ; 2 Corinthiens 1)

(écouter, imprimer la feuille)

Culte au temple de Vandœuvres,
le dimanche de Pâques 20 avril 2025,
prédication du pasteur Marc Pernot

Dans les évangiles, nous ne voyons pas Jésus ressusciter, nous voyons des femmes et des hommes être touchés par le Christ, et que cela les anime extraordinairement. Au sens propre, ce sont ces personnes qui sont « ressuscitées », c’est-à-dire éveillées, mises debout, mises en mouvement avec une vie débordante de vie.

Le récit de Pâques commence avec un cri, le jour même où Jésus entre dans Jérusalem pour célébrer la Pâque juive.

Le cri de Pâques, c’est « Hosanna »

Des personnes l’entourent et crient « Hosanna au Fils de David !»

« Hosanna », c’est le premier des trois mots hébreux les plus essentiels. Ce mot crié par la foule est un cri de prière à Dieu pour qu’il vivifie notre vie. « Hosanna » est un résumé de cette prière du Psaume 118, au verset 25 :

אָנָּ֣א יְ֭הוָה הוֹשִׁ֘יעָ֥ה נָּ֑א אָֽנָּ֥א יְ֝הוָ֗ה הַצְלִ֘יחָ֥ה נָּֽא׃

Anna (S’il te plait), YHWH (Éternel), hosannah (sauve), na (maintenant), anna (s’il te plait), YHWH (Éternel), hatselirah (fait que l’on s’en sorte), na (maintenant) !

Deux fois dans cette prière ardente apparaît le nom de Yahwéh : ce nom dit Dieu en tant que pure source d’être et de vie. Dieu comme pure source de compassion et d’aide pour que la vie l’emporte. C’est vraiment Dieu tel que l’a manifesté Jésus-Christ. C’est donc à Lui que ces personnes adressent leur cri de prière ardente, ponctuée de « maintenant » et de « s’il te plaît ». Pas un salut pour demain mais une aide de Dieu qui change la donne ici et maintenant.

C’est un cri qui ne baisse pas les bras. La démarche de Marie-Madeleine est un Hosanna en actes, prolongeant sa prière : au cœur de sa nuit de perte de son Christ, de son espérance, elle se lève et mène résolument une recherche.

Deux anges apparaissent alors. Quand la Bible parle d’ange, c’est pour nous dire quelque chose qui se passe dans notre prière, comme le souffle de Dieu qui commence à frémir en nous. En écho à notre cri d’Hosanna. Ces anges nous appellent, avec Marie Madeleine, à creuser notre appel au secours avec ce questionnement : « Pourquoi pleures-tu ? » C’est ensuite le Christ qui reprend de plus belle : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »

Cela part du Hosanna, « sauve-moi », et va au-delà. C’est une recherche très utile et féconde, une recherche quotidienne : qu’est-ce que je recherche, en vérité ?

C’est une recherche très intime, que nul ne peut faire à la place d’un autre. Cette recherche est une clef essentielle pour vivre bien, que l’on soit croyant ou non. Cela demande au moins de faire un petit peu de philosophie comme une hygiène de vie. Une plante cherche de l’eau et de la lumière, mais nous, mais moi : qu’est-ce que je cherche en vérité ? Pas seulement cette recherche superficielle de ceci ou de cela, mais qu’est-ce qui, au fond, me manque pour que mon désir m’incline vers cela. C’est prendre sa vie en main que d’examiner ce que nous cherchons.

Remonter ensuite jusqu’au Hosanna : que cette recherche aille au-delà de la sagesse personnelle pour attendre une aide de Dieu. Carrément. Ce Hosanna est une ambition, une espérance d’être meilleur, plus vivant, plus élevé, plus rayonnant. Ce Hosanna est aussi une salutaire humilité : chercher de l’aide auprès du créateur, afin qu’il ouvre nos yeux.

Mener cette recherche est tout simple : penser à Dieu comme toute grandeur, bonté et vie. Et puis prier. Quand on sent une colère, une frustration, un enthousiasme, une envie : qu’est-ce que je cherche, en vérité ? éclaire-moi, Éternel, mon Dieu. S’ouvrir à cette recherche quand on est dans les ténèbres de l’espérance déçue : Éternel, anime-moi d’une recherche nouvelle… Aide-moi, maintenant, s’il te plait.

Hosanna : c’est la première prière à toujours conserver pour être sur ce cheminement de résurrection.

Le 2 e cri de Pâques, c’est « Alléluia ».

« Alléluia » (Hallélou-Yah) c’est « Louez Yahwéh », « Célébrez l’Éternel ». C’est un cri qui nous appelle à la gratitude pour la vie que Dieu nous a donnée. C’est un appel à la prière de louange. Là encore, cela nous demande de creuser au fond de nous-même, au-delà de tout ce qui ne va pas, pour remercier pour ce que nous avons reçu : la vie. Et le fait que la vie est une réalité absolument prodigieuse, divine.

L’ Alléluia nous appelle à faire un travail de mémoire pour discerner les traces d’une vie qui dépasse les hauts et les bas de la vie, pour aller à la source de ce meilleur qui existe en nous : ce qui nous anime, la possibilité même d’un instant de joie, ou d’amour, ou d’espérance, de beauté.

C’est ce qui meut Marie-Madeleine dans sa nuit de désespoir : elle retourne au tombeau de Jésus. En grec, « tombeau » se dit « mémorial », pour se souvenir de ce que Jésus avait été pour elle.

Avec ma femme, nous avons ce truc : quand nous perdons l’autre en ville nous revenons simplement au dernier endroit où nous souvenons avoir été ensemble. Cela marche aussi pour l’ Alléluia : rechercher dans notre mémoire la dernière fois où nous avons été un peu heureux, une fois où nous avons senti que Dieu nous accompagnait, ou nous nous sommes senti être vivant, ou émerveillé par quelque chose, une fois où nous avons fondu d’attendrissement ? L’ Alléluia est un appel à avancer ainsi, en prenant appui sur la gratitude, sur la moindre petite ou grande jubilation qui a pu nous atteindre… car, alors, quelque chose est passé de la mort à la vie.

Cet appel de l’ Alléluia est le 2 e conseil de sagesse et de foi pour la vie, car la louange nous connecte avec cette source de résurrection qui aide à relever la tête, à reprendre cœur, qui nous fait retrouver ce principe essentiel : la vie vaut la peine. Ma vie vaut la peine d’être vécue, elle s’enracine dans plus que moi, en l’Éternel, le Vivant.

L’Alléluia, comme le dit l’Apocalypse, est le cri de Pâques : le cri de joie de celui qui sent qu’avec Dieu la vie l’emporte sur la mort.

Enfin, le cri de Pâques, c’est « Amen »

Le premier cri, Hosanna est dirigé vers notre futur, l’ Alléluia nous établit sur le meilleur qui a déjà été reçu. L’ Amen est la prière pour le présent, le présent de chaque instant. Littéralement, « Amen » signifie que l’on tient fermement à l’autre.

« Éternel, sauve-moi… Amen. » : je ne sais pas ce que tu peux faire, mais j’ai confiance.

« Ah, comme c’était bien alors… Amen » : je sais qu’ensemble, avec toi, j’aurai, nous aurons encore bien des moments merveilleux de vie à vivre.

C’est ainsi que se tisse une alliance de vie avec Dieu, dans le quotidien de nos jours, de notre prière.

Certains jours, nous allons à la prière le cœur lourd, et notre prière sera un appel au secours de Dieu. Hosanna ne dit pas à Dieu ce qu’il devrait faire, il est une simple main tendue en confiance.

Certains jours, c’est comme un Alléluia qui crie dans notre cœur, nous appelant à la louange.

Certains jours notre prière sera comme une contemplation, une confiance en l’Éternel, un simple Amen serein, disant oui à la vie et à sa source, à son mouvement, à son énergie.

Christ nous a donné l’assurance qu’aucune de nos prières ne reste vaine. Osons balbutier nos Hosanna, tels qu’ils sont, osons notre louange, nos Alléluia même pour les plus petits bonheurs. En Christ, Dieu nous dit, à notre personne qu’il aime tant : un Amen sonore ; un franc « oui » à notre personne et à notre vie. Et ce cri de Dieu nous ressuscite déjà.

Loué soit l’Éternel.

Amen.

pasteur Marc Pernot

Pour débattre sur cette proposition : c'est sur le blog.

Vous pouvez réagir en envoyant un mail au pasteur Marc Pernot

 

Textes Bibliques

Évangile selon Jean 20:1-15 (la recherche de Marie-Madeleine)

Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine vient au tombeau dès le matin, alors qu'il fait encore sombre, et elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau... 11Marie se tenait dehors, près du tombeau, et elle pleurait. Tout en pleurant, elle se baissa pour regarder dans le tombeau. 12Elle voit alors deux anges vêtus de blanc, assis là où gisait précédemment le corps de Jésus, l'un à la tête et l'autre aux pieds. 13Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis. 14Après avoir dit cela, elle se retourna, voit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c'était Jésus. 15Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? …

Évangile selon Marc 11:7-11 (Hosanna)

Les disciples amènent un ânon à Jésus ; ils mettent sur lui leurs vêtements et Jésus s'assit dessus. 8Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur la route et d'autres des feuillages qu'ils coupaient dans la campagne. 9Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! 10 Béni soit le règne qui vient, le règne de David notre père ! Hosanna au plus haut des cieux ! » 11Et Jésus entra à Jérusalem dans le temple où il regarda tout autour de lui.

Apocalypse 19:5-7 (Alléluia)

Alors sortit du trône une voix qui disait : Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, vous qui le craignez, petits et grands ! 6Et j'entendis comme la rumeur d'une foule immense, comme la rumeur des océans, et comme le grondement de puissants tonnerres. Ils disaient : Alléluia ! Car le Seigneur, notre Dieu souverain, a manifesté son Règne. 7Réjouissons-nous, soyons dans l'allégresse et rendons-lui gloire, car voici les noces de l'agneau. Son épouse s'est préparée.

2 Corinthiens 1:18-22 (Amen)

Le Fils de Dieu, Jésus-Christ, que nous avons proclamé parmi vous, moi, Silvain et Timothée, n'a pas été « oui » et « non » : en lui il n'y a que « oui ». 20Si nombreuses que soient les promesses de Dieu, c'est en lui qu'elles sont « oui ». Voilà pourquoi c'est aussi par lui que nous disons à Dieu l’amen, pour sa gloire. 21Or celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a conféré l'onction, c'est Dieu. 22Il nous a aussi marqués de son sceau, et il a déposé dans notre cœur les arrhes de l'Esprit.