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La théologie de Jésus 

tient en deux ou trois mots

(Matthieu 5 :43-48, 6 :7-13 ; Psaume 121)

(écouter l'enregistrement)  (voir la vidéo ci-dessous)

Culte du dimanche 12 février 2012
prédication du pasteur Marc Pernot

Que sait-on de Dieu ?

Être chrétien c’est faire confiance en Jésus-Christ pour avancer sur cette question. En le regardant vivre, d’abord, car c’est surtout comme cela qu’il nous montre qui est Dieu. Nous savons maintenant que Dieu est bienveillant parce que Jésus l'était et qu'il ne rejetait personne, qu’il pardonnait et priait même pour ses ennemis. Nous savons qu'aux yeux de Dieu nous valons plus que tout parce que Jésus s'est donné entièrement pour nous sauver...

Mais ce qui est curieux, c'est que Jésus ne nous dit pas tellement qui est Dieu. Il nous le laisse toujours deviner à travers ces petites histoires qu'il raconte, et nous devons nous-mêmes chercher ce que le berger, ou le roi, ou le semeur de l'histoire nous apprennent sur Dieu, ou plutôt ce qu’elles nous apprennent sur ce que Dieu agit et réagit, parce que ces histoires ne parlent jamais de Dieu en soi, comme essayeront de le faire des théologiens plus tard. Mais ces histoires que Jésus raconte sont toujours ambiguës, parce que le roi, le berger, le vigneron sont des humains et donc ces histoires ne parlent pas seulement de Dieu, sous ces personnages elles parlent tout autant de nous-mêmes. Il n’est donc pas facile de tirer une théologie bien carrée de ces paraboles de Jésus. C’est sans doute volontairement qu’il fait de la théologie ainsi, pour qu’il soit plus difficile de se contenter d’une théologie simpliste, que notre théologie soit plus humble. Et puis, je le crois, Jésus désire ainsi que notre théologie soit connectée avec notre propre cheminement de vie…

Mais il y a quand même un passage où Jésus nous parle de Dieu. Et sa théologie tient alors en deux ou trois mots seulement. Vous être d’accord avec moi, pour une fois, j’espère pour trouver ces quelques mots de  théologie extrêmement profonds et extrêmement spirituels, et laissant une grande liberté à chacun.

Jésus nous donne d’abord une théologie en trois mots (en hébreux) :

« Votre père qui est dans les cieux est parfait »

Vous qui êtes aussi forts en maths qu'en français, vous comptez les mots, ça fait 9 mots en français, mais en hébreu, cela n'en fait que trois : Abiqem shèbachamaïm shalem.

Et Jésus nous propose d’être parfaits, d’être accomplis, d’être en paix comme lui, Dieu, et d’aimer à son image. Rien de moins. Avec toujours cette constante, chez Jésus, d’associer une théologie et un cheminement de vie. Là encore, c’est génial et c’est libérant. La théologie fixe un cap mais nous ne sommes pas en classe pour être considéré comme mauvais si nous n’atteignons pas un certain niveau, de toute façon ce n’est pas demain que nous serons parfaits comme Dieu l’est. Ce n’est même pas possible. À nous de faire seulement ce que nous pouvons, à notre rythme. En aimant comme nous le pouvons. En agissant comme nous le pouvons, en bénissant et en priant comme nous le pouvons… si possible un peu mieux chaque jour.

Et si Jésus nous appelle enfant c’est que Dieu ne nous en veut pas d’être un peu petit. Comment en voudrait-on à un enfant de 5 ans de na pas être capable de battre le record du 100m ?

Mais quand Jésus appelle Dieu « celui qui est dans les cieux et qui est parfait », quand il dit que cette perfection est de l’ordre de l’amour sans condition, Jésus pose le cœur de sa théologie. Le cœur qui relativise tout le reste, qui donne sens à tout le reste. Et c’est aussi un but que Jésus nous propose pour poursuivre notre développement.

Et quand Jésus parle de Dieu en disant « votre père », c’est bien rassurant car cela veut dire qu’il n’est pas simplement un but, un idéal abstrait, mais c’est aussi une promesse, il est et restera pour vous comme un père parfait et aimant, même si vous êtes encore un peu nul. Et c’est une autre promesse, il n’a pas été seulement source de vie à l’origine, il reste pour nous aujourd’hui une source pour notre progression, une nourriture pour notre énergie, un soutien quand nous fléchissons, une voix qui nous enseigne la vie…

Et des milliards de croyants sont témoins de cela. Ce n’est pas que de la théologie abstraite. Mais c’est de la théologie aussi que fait ici Jésus, pour une fois. Une théologie qui ouvre sur l’éthique, qui donne une perspective pour avancer, pour espérer et pour agir.

Il reprend cette théologie en trois mots, un peu plus loin, en la concentrant encore, atteignant le record d’une théologie en deux mots seulement :

« Notre Père qui es aux cieux »

Six mots en français, mais en hébreu, cela n'en fait que deux : Abinou Shèbachamaïm.

La première chose que l'on remarque c'est que cette phrase est une prière. Finalement, c'est ce que je dirais à quelqu'un qui ne sait absolument rien sur Dieu : c'est d'essayer de le prier, d'essayer de s'adresser à lui avant même de savoir qui Dieu est vraiment, avant même de savoir s’il existe ou en quel sens il existe.

Jésus nous dit ici, avec ces deux mots qui sont une prière que Dieu est quelqu'un avec qui l'on peut parler, quelqu’un qui écoute et qui fait quelque chose de ce qu’on lui dit. C'est le premier point important. Essentiel.

Et ce que Jésus nous propose ici d’est de commencer par nous placer simplement devant « notre Père qui es au cieux », que l aprière c’est avant tout cela, et Jésus insiste, avant et après ce passage pour dire que ce n'est pas la peine de demander à Dieu toute sorte de cadeaux, parce que Dieu sait très bien ce dont nous avons besoin. Il y a une chose que l'on peut déduire de ces paroles de Jésus, c'est que Dieu n'est pas le Père Noël. Ne rigolez pas, cela peut paraître évident, mais tous, vous comme moi, nous avons sans arrêt envie de demander à Dieu : fais-moi ceci, donnes-moi cela, aide untel, nourris les affamés, guérit les malades...

Dieu n'est pas le Père Noël, nous dit Jésus, c'est un 2e point important de théologie à noter.

Mais qui donc est Dieu ? Il est un être de relation Prions et entrons en relation avec lui. Il est « celui qui est parfait », réfléchissons, philosophons, échangeons nos réflexions et nos expériences de Dieu, avec passion et avec humilité. Mais avant tout prions-le, présentons-nous devant lui encore et encore en cherchant à le connaître. Faisons comme le ferait un bon journaliste qui cherche à connaître quelqu’un : cherchons à le rencontrer, le voir vivre, interrogeons ceux qui ont vécu avec lui, lisons ce qu’ils ont écrit…

Mais ici, Jésus nous apprend à prier Dieu directement, seul à seul, cœur à cœur. Nous pouvons le faire car nous n’avons que du bon à attendre de lui, même si nous étions vraiment mauvais. Prions le car personne ne peut le prier à notre place, personne ne peut vivre cette théologie en acte qui consiste à se tourner vers ce Dieu qui nous appelle à nous mettre en route. Car là est la Vérité, nous dit Jésus dans l’acte qui consiste à se tourner vers l’autre.

Père

Le premier mot que Jésus nous dit de Dieu c'est qu'il est Abinou : « notre-Père » et il nous propose de nous en rendre compte par nous-mêmes dans la prière. Qu'est-ce que cela veut dire ? Il faut imaginer ce que serait un Père parfait, celui que nous aimerions être si nous étions parfaits :

Le Père c'est celui qui nous donne la vie, avec la mère, bien sûr, et en ce sens Dieu est à la fois notre Père et notre Mère, il est à la fois plein d’autorité et de vraie tendresse. Dieu a encore plus de vie à nous donner, il fait naître et grandir en nous une qualité de vie, une qualité de relation, une capacité à augmenter la vie et le bien… bref une vie si vivante que rien ne pourra la tuer.

Le Père donne la vie, mais c'est aussi, ou plutôt c'était (à l'époque de Jésus) le chef de famille, quelqu'un que l'on écoute, que l'on respecte. Et oui, c’est une bonne idée de se rappeler, comme le dit Jésus que Dieu est « aux cieux », meilleur, si meilleur que nous qu’il est comme aux cieux.

Mais le Père, c'est surtout celui qui aime son enfant et qui le prépare à prendre sa succession. Cela nous invite à devenir un peu adulte et à trouver en quoi nous voudrions ou pourrions être un peu créateur là où nous sommes, un créateur qui aime et qui écoute comme Dieu écoute.

Notre Père

Mais dans cette prière, Jésus ne nous dit pas d'appeler Dieu « Père », il nous apprend à dire « Notre Père », Abinou, « Père-de-nous-tous ». En priant Dieu comme nous l'apprend Jésus, il y a bien des chances que nous découvrions que les autres humains sont nos frères et sœurs, tous, sans condition, parce que nous avons le même Père.

Mais il y a plus encore que cela.

Dieu est le père du « Nous »

C’est un point essentiel de l’Évangile du Christ qui est bien développé par l’apôtre Paul quand il nous dit qu’en Christ Dieu veut unir, enfin, l’humanité en un seul corps donc chaque personne est un membre unique et spécial, qui a sa place dans ce corps uni dans le service et la compassion mutuels.

Avec un tel Dieu, nous pouvons plus facilement penser en terme de « nous » et plus seulement en terme de « moi je ». En relation avec lui nous pouvons ne plus avoir si peur de la vie et des autres. Car, avec ce Dieu que nous permet de connaître Jésus, nous pouvons nous sentir aimé, respecté, et en sécurité dans de bonnes mains. Du coup, nous pouvons aller vers les autres, nous pouvons même en prendre souvent plein la gueule parfois plein la figure sans se sentir trop rabaissé ni humilié. De toute façon, nous dit Jésus, nous sommes des princes et princesses, fils et fille du roi de l’univers, ce statut personne ne nous le prendra. Même frappé, humilié, même sous les insultes et les crachats, même si nous avions tout raté… nous souffrons mais notre dignité n’est pas atteinte.

En réalité, rien ne rapproche plus des autres que de prier Dieu, le Père, notre père.

L'auteur du Psaume 121 fait la même expérience. Sentant qu'il est vraiment porté par Dieu, il chante d'abord son merci à Dieu, puis, dans le même souffle, il nous dit : ce Dieu-là qui est mon secours, en vérité, il est aussi ton secours et il te portera, il te gardera pour toujours dans son amour.

Dieu est « Notre Père », c'est le premier mot de Jésus sur Dieu, voici le second : ce Père, nous dit Jésus, il est « Celui-dans-les-cieux ». Il est le seul être de son espèce, il est au-dessus de tout ce qui existe. Bien sûr, dire qu’il est « dans les cieux » est une façon de parler symbolique, mais c’est bien trouvé, Dieu est invisible comme l'air mais il est partout présent et gratuitement comme l’est aussi l’air. C'est une image pour dire que Dieu est infiniment proche jusqu'à nous toucher, si proche que c’est aussi facile et naturel de le recevoir en nous que de respirer. Mais qu’en même temps Dieu est infiniment au-dessus de nous comme l’espace au-delà des étoiles les plus lointaines.

Je crois que Jésus a senti le danger de se contenter de son premier mot « Notre Père » pour dire qui est Dieu. Ce mot nous dit que Dieu est comme quelqu'un de proche, qui nous ressemble et que l'on peut tutoyer, à qui l'on peut tout dire. Le danger, c'est de confondre Dieu avec un copain. Si nous avons la chance d’avoir un meilleur ami, Dieu n'est pas un 2e meilleur ami, il n'est même pas le premier et le meilleur de nos meilleurs amis. Dieu est à part. Il est spécial, tout à fait unique et irremplaçable. Dieu est la vie qui est source de toute vie, il est l'amour qui est à l'origine de la capacité même d'aimer. Il est l’idéal qui nous fait avancer.

« Notre Père qui es au cieux, que ton nom soit sanctifié » telle est la prière fondamentale que Jésus nous propose de prier. C’est là un point essentiel de la théologie mais de la religion. Qu’ajoute ce :

« Que ton nom soit sanctifié » ?

Il ne s’agit pas de sanctifier Dieu lui-même, lui qui est Saint par excellence, bien entendu, lui qui est le « parfait » et « qui est aux cieux ». Mais le nom c’est ce par quoi nous appelons une personne, le nom de Dieu, c’est notre théologie, notre propre conception de Dieu. Comme Jésus, et si nous le voulons bien avec ce cœur de théologie qu’il nous propose, nous développons notre propre expérience et notre propre conception de Dieu. Ce que nous pouvons demander à Dieu, nous dit-il, c’est que notre théologie ne soit pas vaine, qu’elle ne reste pas une chose abstraite, mais qu’elle nous serve à quelque chose, qu’elle nous engage, qu’elle nous dynamise, qu’elle nous fasse naître, et parfois nous relever. C’est ainsi que nous sommes nous-mêmes sanctifiés par Dieu, que nous trouvons notre vocation personnelle comme membre du « nous » dont Dieu est le père.

Amen

 

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Lecture de la Bible

Matthieu 5:43-6:13

Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. 44 Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, 45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains n’agissent-ils pas de même? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire? Les païens n’agissent-ils pas de même?

48 Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait.

1 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. 2 Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne 0pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. 3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, 4 afin que ton aumône se fasse en secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

5 Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. 6 Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

7 En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. 8 Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

9 Voici donc comment vous devez prier:
Notre Père qui es aux cieux!
Que ton nom soit sanctifié;
10 que ton règne vienne;
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
11 Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien;
12 pardonne-nous nos offenses,
comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés;
13 fait que nous ne soyons pas enfermé dans la tentation,
mais délivre-nous du mal.

Psaumes 121

Psaume des montées.

Je lève mes yeux vers les montagnes...
D’où le secours me viendra t-il?
2 Le secours me vient de l’Éternel,
Qui fait les cieux et la terre.
3 Il ne permettra point que ton pied chancelle;
Celui qui te garde ne sommeillera pas.
4 Voici, il ne sommeille ni ne dort,
Celui qui garde Israël.
5 L’Éternel est celui qui te garde,
L’Éternel est ton ombre à ta main droite.
6 Pendant le jour le soleil ne te frappera pas,
Ni la lune pendant la nuit.
7 L’Éternel te gardera de tout mal,
Il gardera ton âme;
8 L’Éternel gardera ton départ et ton arrivée,
Dès maintenant et pour toujours.

 

Vidéo de la partie centrale du culte (prédication à 10:14)

(début de la prédication à 10:14)

film réalisé bénévolement par Soo-Hyun Pernot